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CHAPITRE XXI.


Selon Marcus, la rédemption n’est nécessaire qu’à ceux qui veulent s’élever au sommet de la perfection. Le baptême de Jésus tient de la vie matérielle, celui du Christ de la vie spirituelle.


Il est arrivé cependant que la tradition de la rédemption leur est restée invisible, et qu’ils n’ont pu la comprendre ; c’est une difficulté que l’on ne peut pas aplanir en un seul mot, surtout quand on les voit varier comme à l’envi les uns des autres. Comptez ces docteurs, vous aurez autant de rédemptions. Ils se sont attachés à nier le baptême, seul moyen de régénération divine ; le temps viendra nous les réfuterons, parce qu’en dernier résultat toute la foi est ainsi rejetée par ces hérésiarques.

Ces hommes, sous l’influence du démon, ont osé soutenir que la rédemption n’était nécessaire qu’à ceux qui voulaient parvenir à un haut degré de perfection dans la vertu qui est au-dessus de toutes les vertus ; elle est alors la seule voie qui conduise au Plerum, parce que cette haute vertu les plonge dans le sein de Bythus.

Le baptême de Jésus, toutefois, suffit pour remettre les péchés ; celui du Christ fait descendre dans les plus inaccessibles profondeurs de la perfection : le premier tient de la vie matérielle ; le second, de celle de l’esprit. Le baptême prêché par Jean était un baptême de pénitence ; celui de Jésus, un baptême de perfection ; lui-même a semblé le faire entendre lorsqu’il a dit : « Je dois recevoir un autre baptême, et je me hâte d’y arriver ; » ils veulent encore que Jésus ait voulu parler de ce même baptême de perfection. Lorsque la mère de Zébédée, le priant de faire asseoir ses fils à sa droite et à sa gauche dans le royaume céleste, le Seigneur répondit : « Pouvez-vous recevoir le baptême que je dois recevoir ? » À les entendre, Saint Paul lui-même aurait fait souvent allusion à cette ré-