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puisque nous sommes forcés de supposer que Dieu ignorerait ce qui se fait dans son propre empire, ou bien qu’il n’a pas su s’opposer à ce que ces anges auraient voulu faire.

Que si l’on admet que le monde a été formé et créé par des anges inférieurs, mais agissant par la volonté de Dieu, comme c’est l’opinion de quelques personnes, alors c’est admettre que la cause première de la création du monde est la volonté de Dieu. Car, dans cette hypothèse, Dieu étant le créateur des anges, ou du moins la cause première de leur création, si c’était les anges qui eussent créé le monde, il faudrait faire remonter cette création jusqu’à Dieu, puisque c’est lui seul qui aurait préparé les agents de cette création. Qu’importerait de dire, comme le veut Basilide, que les anges, ou l’ouvrier créateur du monde; auraient été formés tels qu’ils étaient par l’effet de plusieurs transformations successives ; cela n’empêche pas qu’il faudra toujours tout rapporter au premier moteur, au premier auteur de ces êtres. C’est ainsi que sur notre terre on fait remonter jusqu’au roi, qui a ordonné les préparatifs de la guerre, l’honneur de la victoire ; ou bien que l’on honore comme le fondateur d’une cité celui qui en a posé les premiers fondements et qui a préparé les matériaux mis en œuvre plus tard : de même on ne dit pas que c’est la hache ou la cognée qui coupe le bois, mais bien l’homme qui les fait agir, ou mieux encore celui qui a fabriqué cette cognée ou cette hache pour servir à cet usage. Ainsi il est donc juste et raisonnable d’attribuer, dans tous les cas, la création du monde non pas aux anges ni à quelque autre puissance, mais au Dieu souverain de toutes choses, puisque c’est toujours lui qui aurait été le premier créateur des agents et des instruments de cette création même.

Nous concevons que ces faux systèmes puissent obtenir quelque crédit auprès de gens qui n’ont de Dieu qu’une idée fausse, et qui le comparent à ces ouvriers qui manquent de beaucoup de choses pour fabriquer ce qu’ils veulent, et qui ne peuvent en venir à bout qu’après beaucoup de temps et de peines ; mais nous ne concevons pas qu’ils puissent séduire l’esprit