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qui ait rapport à ce Dieu chimérique qui est de leur invention. Leur dessein était, en fabriquant un Dieu de leur façon, de faire considérer les Écritures comme remplies d’absurdités (dans tous les cas elles ne présentent rien de douteux en ce qui regarde le vrai Dieu) ; ce sont des gens qui cherchent des difficultés là où il n’en existe pas, et qui veulent résoudre une grande question par une question minime. Faisons remarquer à cet égard que nulle question ne peut jamais trouver sa solution dans des rapports qui lui sont tout à fait étrangers ; qu’aux yeux des gens raisonnables, les ambiguités ne s’éclaircissent pas par d’autres ambiguités ; que les énigmes ne résolvent pas les énigmes ; mais que les choses obscures s’éclaircissent par les rapports qu’elles ont avec des choses évidentes, lorsqu’on a soin de découvrir ces rapports.

Tout en ayant l’air de vouloir expliquer les Écritures et le sens parabolique qui s’y rencontre, les gnostiques soulèvent une question grave et en même temps pleine d’impiété ; nous disons une question, si toutefois c’en est une de savoir s’il y a un autre Dieu que celui que nous connaissons. Quoi qu’il en soit, ils mettent en avant de nouvelles questions qu’ils ne résolvent pas (et à quoi bon !) ; ils se contentent de soulever une grande question à propos d’une petite, et de rendre ainsi impossible une solution quelconque. Par exemple, en parlant du Christ, ils croiront étaler leur savoir, en disant qu’il a reçu le baptême de saint Jean à l’âge de trente ans, et ce sera pour parler avec mépris de celui qui l’a envoyé sur la terre : ou pour faire croire qu’ils connaissent l’origine de la matière, ils nieront que Dieu ait pu, par sa volonté et par sa puissance, tirer toutes choses du néant, et ils débiteront mille phrases vides de sens à cette occasion. En cela se dévoile toute leur apostasie ; ne voulant pas croire à ce qui est, ils en viennent à croire à ce qui n’est pas.

Comment entendre, sans sourire de pitié, l’histoire de celle qu’ils nomment la mère Achamoth ; celle dont les larmes ont formé les substances liquides, dont le sourire a créé la lumière, dont la tristesse a créé les corps solides, et dont la crainte a créé