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naissance des Écritures, et s’ils étaient les disciples de la vérité, ils sauraient qu’il n’y a aucune comparaison à faire entre Dieu et l’homme, que la pensée de Dieu n’est pas comme la pensée de l’homme : Dieu est un être simple et sans parties, il est en tout semblable et égal à lui-même ; il est tout sentiment, tout esprit, tout pensée, tout raison, tout ouïe, tout oreille, tout lumière, et la source unique de tout bien. Voilà quel doit être le langage des hommes religieux, à l’égard de Dieu.

Mais les mystères de la perfection de Dieu ne sauraient être racontés par l’homme. Quand nous disons que l’intelligence divine embrasse tout, nous n’entendons pas cela dans un sens purement humain ; quand nous l’appelons le Père de la lumière, nous n’entendons pas parler d’une lumière semblable à celle qui frappe nos yeux. Il en est de même de toutes les comparaisons que nous pouvons faire à cet égard ; elles sont toujours en raison de la faiblesse de l’homme et de la grandeur de Dieu. Notre langage, qui est en cela l’expression de notre amour pour Dieu, ne nous empêche pas de sentir combien il est en disproportion avec sa grandeur infinie. Puis donc que, chez l’homme, l’âme ne se détache ni ne se sépare de lui, lorsqu’il produit sa pensée au dehors, à plus forte raison nous ne pouvons supposer que Dieu, qui est tout intelligence, puisse se séparer de sa propre intelligence, de manière qu’elle forme hors de lui un être distinct et qui ne soit pas lui.

Pour séparer Dieu de son intelligence, il faut supposer que Dieu est corporel ; autrement, concevrait-on que l’esprit puisse se séparer et se détacher de l’esprit ? Que si l’on soutient que c’est l’intelligence qui s’est séparée de l’intelligence, dès lors on divise Dieu et on le partage en deux. Mais d’où est partie cette portion de son intelligence qui s’est séparée, et où est-elle allée ? car il faut que ce qui sort de quelque chose entre dans une autre chose. Qu’ils nous disent donc quel est cet Être, qui existait avant Dieu et dans lequel Dieu aurait envoyé son intelligence, quand il s’en sépara ? quel était ce lieu assez grand, assez immense pour recevoir et contenir l’intelligence divine ? Dirait-on que cette opération aurait eu lieu de la même manière que