Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/186

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le soleil lance ses rayons hors de lui, lesquels rayons sont ensuite reçus dans l’éther ; mais ici il faut supposer que l’éther, qui reçoit les rayons de l’astre du jour, existait avant ces rayons : il faut donc dire aussi que ce qui a reçu l’intelligence de Dieu était quelque chose qui était plus grand que Dieu et qui existait avant lui. Ensuite, pour suivre la comparaison, il faudra dire que, comme le soleil qui nous envoie ses rayons à une immense distance est beaucoup moins grand que l’espace que ses rayons vont traverser, il en sera ainsi du Propator, qui a envoyé loin de lui les rayons de son intelligence, et que, par conséquent, il est beaucoup moins grand que l’univers, ou que le lieu où il a envoyé les rayons de son intelligence.

Diraient-ils, au contraire, que l’intelligence du Père ne s’est pas séparée extérieurement du Père, mais que c’est au dedans de lui-même que cette séparation se serait opérée ? Mais ici il y a contradiction dans les termes ; car on ne peut dire que ce qui ne sort pas du sujet s’en sépare. La séparation, qu’est-ce autre chose que la translation d’un être hors du milieu qui le contenait ? Mais admettons que cette séparation se fasse intérieurement dans le Père, alors le Verbe ou l’intelligence ne se séparera donc pas du Père ; et il en sera de même de toutes les effusions du Verbe. Donc, toutes ces effusions du Verbe connaîtront le Père nécessairement, puisqu’elles seront en lui-même ; et elles le connaîtront toutes également, le Père les pressant et les entourant toutes de toutes parts. Par cette puissance du Père qui les embrasse, elles resteront à l’abri de toute déperdition et de tout affaiblissement, à moins peut-être qu’on ne veuille les comparer à un grand cercle qui en contient de plus petits, lesquels en contiennent à leur tour d’autres plus petits ; ou bien qu’ils veuillent comparer le Père à une sphère ou à un triangle, qui contient d’autres petites sphères ou d’autres petits triangles, qui sont la représentation du premier ; de sorte que le plus petit est entouré par le plus grand, lequel à son tour entoure celui qui est moins grand ; et qu’ainsi, le dernier et le plus petit de tous ces cercles, par exemple, ne pourrait connaître le Propator, étant séparé de lui