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laisser à Dieu et à son Verbe, à qui il a dit : « Asseyez-vous à ma droite, jusqu’à ce que je réduise vos ennemis à vous servir de marche-pied. » Mais quant à nous, nous sommes condamnés à rester encore sur la terre, et nous ne pouvons encore contempler son trône céleste. L’esprit du Sauveur, qui habite en lui, scrute toutes choses, ainsi que les profondeurs de Dieu ; mais quant à nous, il y a diversité de grâces, diversité de ministères, diversité d’opérations ; tout ce que nous sommes sur la terre, comme dit saint Paul, « ce que nous avons de science et de prophétie est fort imparfait. » Comme nous ne connaissons qu’une partie des choses, nous devons laisser la science universelle à celui qui nous accorde quelque émanation de sa grâce. Il en est de ces questions comme de celle relative aux châtiments réservés aux transgresseurs de la loi ; le feu éternel leur a été préparé, notre Seigneur l’a lui-même annoncé, et les Écritures d’ailleurs nous l’apprennent : mais quelle est la cause et la nature de la transgression, c’est ce que ni l’Écriture, ni l’apôtre, ni le Seigneur lui-même ne nous apprennent point. Il faut donc laisser cette science à Dieu, ainsi que la connaissance du jour et de l’heure du jugement, et ne pas être assez téméraires que de vouloir tout connaître ; d’autant plus qu’il nous accorde la grâce de connaître un assez grand nombre de choses. Mais lorsque nous voulons atteindre à ce qui est au-dessus de notre intelligence et hors de notre portée, nous poussons l’audace jusqu’à tenter Dieu, et, feignant d’avoir découvert ce qui nous est encore inconnu, nous donnons, dans nos chimériques systèmes, à Dieu, le créateur universel, le péché et l’ignorance pour origine ; et nous élevons ainsi une thèse impie contre la Divinité.

C’est sur des bases aussi futiles que nos adversaires ont bâti leur système conjectural, qu’ils établissent tantôt sur certains nombres, tantôt sur certaines syllabes, quelquefois sur des noms, d’autres fois sur les lettres dont les mots se composent, d’autres fois enfin sur des allégories obscures, ou sur des données purement conjecturales. Que si l’on demande la raison pourquoi le Père, malgré sa consubstantialité au Fils,