Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/241

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rions-nous de réserver à Dieu seul la solution des questions qui sont au-dessus de notre intelligence ? Le disciple ne peut jamais être au-dessus du maître. Si donc quelqu’un vient nous dire : Comment le Fils a-t-il été engendré du Père ? Nous lui répondrons que cette procréation, cette génération, cette production, cette émanation, quelque soit le terme qu’on emploie pour énoncer ce mystère ineffable, n’est connue de qui que ce soit. Cette connaissance n’appartient ni à Valentin, ni à Marcion, ni à Saturnin, ni à Basilide, ni aux anges, ni aux archanges, ni aux principautés, ni aux puissances, mais seulement au Père qui a engendré le Fils, et au Fils qui a été engendré du Père. Cette génération étant inénarrable, ceux qui prétendent l’expliquer font par là preuve de folie, puisqu’ils promettent de faire ce qui est impossible. Mais tout le monde sait que la parole est produite en nous par le sentiment et par la pensée : ceux qui ont cherché à appliquer au Verbe divin ce qui se passe chez l’homme n’ont pas fait une découverte bien merveilleuse, et n’ont révélé en cela aucun mystère. Après avoir proclamé que le Verbe de Dieu était inénarrable et innommé, ils changent sa nature de leur propre autorité, et proclament sa première création, qu’ils font semblable en tout à celle du verbe de l’homme.

Nous parlerons de même, sans commettre aucun péché, en disant, au sujet de la matière, que c’est Dieu qui l’a créée. Car l’Écriture nous apprend que Dieu est le dominateur de toutes choses. Mais d’où l’a-t-il tirée, et comment l’a-t-il faite ? l’Écriture ne nous le dit nulle part, et nous ne pouvons l’imaginer, nos facultés bornées ne pouvant atteindre aux attributs infinis de la Divinité ; mais nous devons réserver cette science à Dieu. Il en sera de même du mystère des créations, de la cause d’après laquelle certains êtres se sont modifiés, en s’éloignant de la soumission à Dieu, tandis que d’autres, et c’est le plus grand nombre, ont persévéré dans leur nature et dans leur soumission envers leur Créateur : mais quelle est la nature de ceux qui ont violé la loi de leur être ? Quelle est la nature de ceux qui y sont restés fidèles ? C’est là une science qu’il faut