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les moyennes régions, alors il faut reconnaître qu’elles jouiront toutes du même privilége, toutes les âmes étant de la même substance ; dès lors la foi est inutile, comme aussi est inutile la venue du Sauveur. Si, au contraire, elles sont sauvées d’après la loi de la justice, elles le seront non pas tant parce qu’elles sont des âmes, mais parce qu’elles auront été justes. Et si ces âmes eussent été destinées à périr, si elles n’avaient pas été justes, il faut reconnaître que la même loi de justice pouvait aussi atteindre les corps ; et pourquoi en seraient-ils exempts, puisqu’ils ont participé à la transgression de la justice ? Si l’âme est sauvée par la seule raison de sa nature et de sa substance, toutes les âmes doivent être sauvées ; mais si la justice et la foi sont la cause du salut, pourquoi les corps, qui entraînent les âmes au bien ou au mal, ne seraient-ils pas sauvés ou perdus avec elle ? La justice de Dieu, dans ce cas, semblerait impuissante ou injuste, puisqu’elle donnerait le salut à certains êtres comme conséquence de leur participation au bien, tandis que cette conséquence n’aurait pas lieu pour les autres.

Il est manifeste que les corps contribuent à l’opération des choses qui appartiennent à la justice. Il faut donc en conclure, d’après le système de nos adversaires, que les corps participeront aussi au repos que goûteront les âmes : ou autrement il n’y aurait point de justice, ou bien, les corps qui ont contribué à l’accomplissement de la justice participeront au bonheur des âmes, si la justice de Dieu est assez puissante pour les transporter là où seront les âmes. Mais une voix forte et puissante se fera entendre, qui appellera le corps à la résurrection. Quant à nous, c’est là notre foi : nous croyons fermement que Dieu, après avoir ressuscité nos corps, accordera le privilége de l’immortalité et de l’incorruptibilité à ces corps mortels, qui auront contribué, pendant cette vie, à l’accomplissement de la justice ; car Dieu est meilleur que la nature, il possède en lui le souverain vouloir, parce qu’il est bon ; le souverain pouvoir, parce qu’il est tout-puissant ; et la vertu de tout perfectionner, parce qu’il est lui-même la source de toute richesse et de toute perfection.