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les objets de son art et à faire ainsi preuve de son habileté ; tandis que le second de ces instruments demeure inutile et sans usage, et n’est jamais employé par l’ouvrier : quelqu’un viendra-t-il nous dire que celui de ces deux instruments qui est inutile, oisif, et oublié, vaut mieux, est plus précieux que celui dont l’ouvrier se sert sans cesse, et dont il fait gloire ? Celui qui prétendrait cela passerait pour imbécille et pour avoir perdu le sens. Or, voilà précisément le langage et la prétention de nos adversaires, quand ils se donnent pour des êtres sublimes et meilleurs que le Demiurgos, dont ils ne font qu’un être animal, lorsqu’ils s’élèvent eux-mêmes au-dessus de lui, jusque dans le Plerum, où ils vont se réunir à leurs époux (car ils disent qu’ils ne sont eux que les femelles des anges), tandis que le Dieu qui leur est inférieur, Demiurgos, reste dans la moyenne région, où il ne fait aucun acte de puissance. Ne faut-il pas être fou, atteint d’une folie incurable, pour prétendre que celui qui n’a rien fait de bon et de raisonnable est cependant supérieur à celui qui a créé toutes choses.

Peut-être insisteront-ils, en disant que Demiurgos a, il est vrai, créé le ciel, l’univers, dans le sein duquel le monde est contenu ; mais qu’à l’égard des créations supérieures, et qui sont au-dessus du ciel, telles que les anges, les principautés, les puissances, les archanges, les dominations, les vertus, elles auraient été créées (et ils prétendent en faire eux-mêmes partie) par un enfantement intellectuel de la Mère. Mais d’abord nous avons prouvé, par le témoignage des Écritures, que c’était Dieu seul qui était le créateur des choses visibles et des choses invisibles : nous ne pensons pas qu’il faille plutôt en croire à ce sujet nos adversaires que les saintes Écritures elles-mêmes, et renoncer aux enseignements sacrés du Seigneur, à ceux de Moïse et des prophètes, qui nous ont annoncé la vérité, pour nous en rapporter à des gens dont les paroles ne sont que folie, délire et chimère. Ensuite, s’il est vrai qu’ils soient les créateurs des choses qui sont au-dessus des cieux, qu’ils nous disent donc quelle est la nature de ces choses, qu’ils nous supputent le nombre des anges, qu’ils exposent la