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soient immortelles, il faut les supposer incréées ; et que si elles ont eu un commencement dans le temps, il faut qu’elles finissent avec le corps. Nous répondrons à ceux qui feraient cette objection, qu’il n’y a que Dieu, Seigneur et maître de toutes choses, qui soit sans commencement ni fin, demeurant toujours le même et sans altération. Tout ce qui a reçu de lui l’être et la vie doit avoir commencé, et être ainsi inférieur à celui qui l’a créé, et qui lui seul est incréé. Les créatures se conservent ensuite, et se développent à travers la durée des siècles, suivant la volonté providentielle de Dieu ; c’est ainsi qu’il peut vouloir, et faire que ce qui a eu un commencement n’ait pas de fin.

Ne voyons-nous pas que le ciel, qui est sur nos têtes, et la lune, et les étoiles, et tous les globes célestes qui n’existaient pas d’abord, ont été créés, et qu’ils durent depuis un grand nombre de siècles, par la force de la volonté de Dieu ; pourquoi ne pourrions-nous croire, sans l’offenser, qu’il en a agi de même à l’égard des âmes, des esprits, et de toutes les autres créations de la même nature, et qu’il a voulu que toutes les choses créées, ayant nécessairement un commencement, chacune eussent leur durée plus ou moins longue, selon son bon plaisir ? C’est ce que l’Esprit saint nous apprend, lorsqu’il dit : « Louez le nom du Seigneur ; il a dit, et tout a été fait ; il a ordonné, et tout a été créé. »

Voici ensuite ce qu’il nous enseigne au sujet du salut de l’homme : « Il vous a demandé la vie, et vous lui avez accordé la longueur des jours dans le temps et dans l’éternité. »

Ces paroles nous apprennent que c’est au Père commun de toutes choses qu’est réservé le pouvoir de donner une vie éternelle aux élus, car la vie ne vient pas de nous ni de la vertu de notre nature, mais de la bonté de Dieu qui nous la mesure. C’est pourquoi celui qui aura usé sagement du don de la vie, rendant grâces sans cesse à celui de qui il la tient, recevra en récompense l’éternité des jours pour les siècles des siècles. Celui, au contraire, qui aura fait un mauvais usage du don de la vie, et se sera par là montré ingrat envers son créateur, de