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qui doit régner éternellement sur la maison de Jacob, que le Christ, fils du Très-Haut, qui par la loi et les prophètes a promis d’être le médiateur pour le salut des hommes, en se rendant visible à toute chair, enfin en se faisant fils de l’homme afin que l’homme devînt enfant de Dieu ? C’est pourquoi Marie, dans l’exaltation de sa reconnaissance, s’écria : « Mon âme rend gloire au Seigneur, et mon esprit s’est exalté dans le Dieu mon sauveur ; il a reçu Israël comme son serviteur, se souvenant de sa miséricorde, ainsi qu’il a parlé à nos pères, à Abraham et à sa postérité à jamais. » Or, l’Évangile nous montre ici que ce Dieu qui a parlé à nos pères est le même que celui qui a donné sa loi à Moïse ; voilà comment il a parlé à nos pères. Ce même Dieu, dans sa bonté infinie, a répandu sur nous l’effet de sa miséricorde, « de cette miséricorde qui a éclairé ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, pour diriger nos pas dans la vie de paix. » Aussi Zacharie, recouvrant l’usage de la parole, qu’il avait perdu en punition de son infidélité, se sentit rempli d’un nouvel esprit, et il bénissait la venue prochaine du nouveau rédempteur. Car tout était nouveau désormais, puisque le Verbe, en s’abaissant jusqu’à l’humanité, et en faisant sortir un homme du sein de Dieu même, rapprochait, en quelque sorte, sa divinité de la nature humaine. C’est pourquoi les apôtres ont enseigné à rendre un nouveau culte à Dieu, quoique ce fût toujours le même Dieu, et comme dit saint Paul : « C’est le même Dieu qui justifie par la loi les circoncis, et qui par la foi justifie les incirconcis. »

Zacharie, inspiré de l’esprit de prophétie, disait : « Béni soit le Seigneur d’Israël, parce qu’il nous a visités et qu’il a opéré la délivrance de son peuple. Et il a élevé le signe du salut en la maison de David, son serviteur ; ainsi qu’il avait promis, par la bouche de ses saints prophètes, qui ont été dès le commencement, de nous sauver de nos ennemis et de la main de tous ceux qui nous haïssent, en faisant miséricorde à nos pères et se souvenant de sa sainte alliance. Voilà le serment qu’il a juré à Abraham votre père : il a juré qu’il se donne-