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les prophètes qu’il enverrait son ange devant la face de son fils, pour lui préparer les voies, c’est-à-dire pour rendre témoignage de la lumière dans l’esprit et la vertu d’Élie. Et cet Élie, de quel Dieu avait-il été le serviteur et le prophète ? De celui qui a créé le ciel et la terre, ainsi qu’il le proclame lui-même. Mais, puisque Jean était envoyé par celui qui a créé le ciel et la terre, comment pouvait-il, lui simple mortel, rendre témoignage de cette lumière qui vient du séjour des choses invisibles et dont nous ne savons pas les noms ? Car tous les hérétiques confessent que leur Demiurgos ignore cette vertu qui est au-dessus de lui, dont saint Jean le précurseur a parlé, et de laquelle il a rendu témoignage. C’est pour cela que le Seigneur a dit, par la bouche de saint Mathieu, que Jean était plus grand qu’un prophète. Tous les prophètes, en effet, ont annoncé la venue de cette lumière divine, et ils ont tous désiré d’être regardés comme dignes de voir un jour celui qu’ils annonçaient ; tandis que Jean, en l’annonçant comme les autres prophètes, l’a vu arrivant dans le monde, il l’a montré aux peuples, il a persuadé un grand nombre qui ont cru en lui, de sorte qu’il a rempli tout à la fois la mission d’un prophète et d’un apôtre. Il est donc plus grand qu’un prophète, car les apôtres sont au premier rang, et les prophètes au second ; les uns et les autres relèvent de notre seul et unique Dieu.

Le vin que Dieu fait venir de la vigne a un usage bon et utile. Cet usage n’a jamais paru blâmable ; le Seigneur lui-même nous a invité à nous servir du vin ; car il changea pour ceux qui étaient conviés aux noces de Cana l’eau en vin, quoique l’eau eût pu leur suffire pour boisson. Et remarquons de plus que le Seigneur aurait bien pu, par sa toute-puissance, faire paraître tout à coup le vin et les aliments qui manquaient au repas ; cependant, il ne l’a point fait : mais prenant les pains qui restaient, il rendit grâces et il les multiplia ; et prenant ensuite l’eau, il en fit du vin ; c’est ainsi qu’il nourrit et désaltéra les convives du banquet. Il montra par là que Dieu, qui a créé la terre et qui la couvre de fruits, qui a créé l’eau et qui la distribue par le moyen des sources, a voulu, sous la loi nou-