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velle, que les aliments et la boisson nécessaires à la vie du genre humain fussent consacrés et bénis par Jésus-Christ son fils, coéternel à lui ; nous laissant entrevoir ainsi l’incompréhensible par le compréhensible, et l’invisible par le visible.

« Nul, dit saint Jean, ne vit jamais Dieu ; le Fils unique, qui est au sein du Père lui-même, l’a dit ainsi. » Car le Fils qui est dans le sein du Père peut faire connaître le Père invisible à toute créature. C’est pour cela que ceux-là connaissent le Père à qui le Fils l’a révélé ; et réciproquement, le Père, par sa grâce, donne la connaissance de son Fils à ceux qui l’aiment. C’est ainsi que le Fils se révéla à Nathanaël, lorsqu’il lui rendit témoignage en disant de lui : « Voici vraiment un Israélite en qui il n’y a point de déguisement. » Cet Israélite reconnut le Dieu son maître dans le Christ, et il lui répondit : « Maître, vous êtes le Fils de Dieu, le roi d’Israël. » C’est aussi par une inspiration divine que Pierre reconnut le Christ du Dieu vivant, qui avait dit par la bouche du prophète : « Voici mon serviteur, en qui j’ai mis ma complaisance, en qui mon âme s’est complue. Je mettrai mon esprit sur lui et il annoncera la justice aux nations. Il ne disputera point, il ne criera point ; personne n’entendra sa voix dans les places publiques ; il ne rompra point le roseau déjà brisé, il n’éteindra pas la mèche qui fume encore, jusqu’à ce qu’il assure la victoire à la justice ; et les nations espéreront en son nom. »

Voilà donc quels sont les principes enseignés dans l’Évangile, et qui consistent dans la connaissance d’un Dieu unique, créateur du ciel et de la terre, qui a été annoncé par les prophètes, qui a fait connaître sa loi en la donnant à Moïse, qui est le père de notre Seigneur Jésus-Christ ; et telle est l’autorité de ces principes de l’Évangile, que les hérétiques eux-mêmes sont forcés de les reconnaître, et que c’est en s’appuyant sur eux qu’ils cherchent à établir leurs fausses doctrines. Les ébionites, par exemple, qui ne se servent que de l’Évangile écrit par saint Mathieu, professent ces vérités, bien qu’ils n’aient pas des idées fort justes sur la nature de Dieu. Quant à Marcion, il tronque les passages de saint Luc, et il se sert de ce qu’il lui