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emprunte pour émettre des idées blasphématoires sur l’unité de Dieu. Les hérétiques qui veulent faire deux personnes distinctes de Jésus et du Christ, disant que le Christ est resté impassible, tandis que Jésus a souffert, abusent de quelques passages de saint Marc, qu’il suffit de lire avec l’amour de la vérité, pour en saisir le sens naturel. Quant à ceux qui s’attachent aux erreurs de Valentin, ils interprètent l’évangile de saint Jean à leur guise, pour prouver l’existence de leurs divers dieux ; mais ils se réfutent d’eux-mêmes, comme nous l’avons prouvé dans le premier livre. Ainsi, puisque les contradictions de nos adversaires servent de démonstration à nos principes, nous pouvons tenir pour certain de les avoir complètement réfutés.

Il y a donc quatre évangiles, et il n’y en a ni plus ni moins. La raison en est que ce monde où nous sommes est divisé en quatre grandes parties, ce qui représente quatre peuples principaux. Or, l’Église étant répandue sur toute la terre, et l’Évangile étant sa base et son esprit de vie, il résulte naturellement que chacune des quatre parties du monde doit avoir son Évangile, qui, semblable à une colonne incorruptible, purifie l’humanité et la vivifie sans cesse. On peut conclure de cette observation qu’il a été dans les intentions du Verbe, souverain créateur de toutes choses, dont le trône est au milieu des chérubins, lui qui contient toutes choses, et qui s’est manifesté aux hommes, de donner au monde son Évangile sous quatre formes différentes, quoique écrites toutes quatre dans un seul et même esprit. David, en demandant à Dieu qu’il envoyât son Messie, a dit : « Vous qui reposez parmi les chérubins, paraissez dans votre splendeur. » Et en effet, les chérubins sont de quatre conformations différentes, et leurs formes diverses sont autant de symboles des volontés du Fils de Dieu. Or, il est dit dans l’Apocalypse : Le premier animal était semblable à un lion, ce qui signifie sa vertu, sa puissance et sa royauté divine ; le second, à un veau, ce qui est l’emblême du sacrifice et du sacerdoce ; le troisième avait un visage comme celui d’un homme, ce qui signifie l’humanité du Christ et son avénement sur la