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qu’il dit que lorsqu’on donnait un festin, il fallait y inviter les pauvres, les infirmes, les boiteux et les aveugles ; et la parabole du juge qui ne craignait point Dieu, et qui fut obligé de rendre justice à la veuve ; enfin celle du figuier, qui était dans la vigne et qui ne portait point de fruits. On peut encore lire dans saint Luc beaucoup d’autres choses qui ne se trouvent que dans son récit, et qui ont obtenu l’aveu même de Marcion et de Valentin. Il faut encore ajouter à ce que nous venons de rapporter et qui ne se trouve que dans saint Luc, l’événement de la rencontre du Christ par les disciples, sur le chemin d’Emmaüs, les discours qu’il leur tint, et comment ils le reconnurent à la fraction du pain.

Il faut donc que les hérétiques se décident, ou à accepter, ou à rejeter entièrement tout ce que saint Luc a écrit dans son évangile. Car aucun homme de sens ne leur fera cette concession d’être maîtres d’accepter certaines choses, qu’ils diront conformes à la vérité, et d’en rejeter certaines autres, sous le prétexte qu’elles y seraient contraires. D’après cela, les marcionites, qui ont tronqué cet évangile, ne peuvent pas dire qu’ils ont un évangile ; et quant aux partisans de Valentin, qui se sont permis d’interpréter l’Évangile à leur façon, et de dénaturer par de vaines subtilités la pensée et le sens des mots, il faudra qu’ils cessent leurs ridicules jactances. À moins que, consentant à accepter, comme conforme à la vérité, l’Évangile tout entier, ainsi que la doctrine des apôtres, ils ne se décident enfin à faire pénitence pour échapper au péril de la damnation auquel ils s’exposent.