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à mourir en état de damnation, en persévérant dans ce blasphème ; car ils renoncent par là à faire alliance avec le verbe de Dieu, et à recevoir de lui le bienfait de leur affranchissement, selon ces paroles : « Le Fils vous affranchit, vous serez vraiment libres. » Par leur obstination à ne pas reconnaître Emmanuel né de la Vierge, ils renoncent au bienfait de sa grâce, qui est la vie éternelle ; ne pouvant participer ainsi à l’incorruptibilité du Verbe, ils restent plongés dans le péché, et demeurent débiteurs de la mort. C’est à eux que s’adresse le Verbe, lorsque, parlant du bienfait de sa grâce, il dit : « Vous êtes des dieux, vous êtes tous les fils du Très-Haut ; mais vous mourrez comme des hommes. » Dieu a voulu, sans aucun doute, parler ici de ceux qui se refusent au bienfait de l’adoption, méprisent l’incarnation divine du verbe de Dieu, voudraient déshériter l’humanité du don de la vie éternelle, et témoignent, par cette conduite, leur ingratitude envers le Verbe qui s’est incarné pour leur salut ; car le verbe de Dieu, le fils de Dieu, s’est fait homme, afin que l’homme, par l’influence du Verbe, devînt le fils de Dieu et l’enfant de l’adoption.

Pouvions-nous, en effet, prétendre à l’incorruptibilité et à l’immortalité, sans avoir été auparavant doués de la faculté d’être incorruptibles et immortels ? Mais nous ne pouvions être doués de cette faculté sans qu’elle fût devenue une partie de nous-mêmes ; afin que ce qui en nous était corruptible fût corrigé par ce qui était incorruptible, et ce qui est mortel par ce qui est immortel. C’est ainsi seulement que nous pouvions devenir des enfants d’adoption.

C’est là ce qui fait dire à Isaïe, en parlant du Christ : « Qui racontera sa génération ? » et à Jérémie : « Le Verbe fait homme est impénétrable, qui le connaîtra ? » Celui-là seul le connaîtra, à qui le Père qui est dans les cieux l’a révélé, afin qu’il comprenne que ce Fils de l’homme, qui est le Christ, Fils du Dieu vivant, n’est pas né de la volonté de l’homme, ni de la volonté de la chair. Nous avons déjà démontré qu’on ne trouve point dans les Écritures qu’aucun homme soit jamais appelé Dieu Sei-