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gneur : il n’est pas nécessaire d’avoir une intelligence bien relevée pour comprendre dès lors que celui qui est annoncé par les prophètes, prêché par les apôtres, et déclaré par le Saint-Esprit pour être Dieu (bien qu’ayant pris la forme humaine), pour être le Seigneur, le Roi éternel, le fils unique de Dieu et le Verbe incarné, le soit bien réellement. Pourquoi lirions-nous dans les Écritures tant de choses extraordinaires à son sujet, s’il n’eût été qu’un homme semblable aux autres hommes ? Comme il était le fils unique de Dieu, par le mystère d’une paternité toute divine, il fallait que son incarnation dans la Vierge participât de cette génération merveilleuse. Les Écritures parlent sans cesse de ce double miracle : aussi, quand il est question de son humanité, elles nous le peignent comme un homme obscur, accablé de maux ; il est monté sur le fils de l’ânesse, il boit le vinaigre et le fiel, il est un objet de mépris pour le peuple, et il est livré à la mort. Parlent-elles au contraire de sa divinité ? elles nous le représentent comme le Dieu saint, le Conseiller céleste, le Roi de la beauté, le Dieu fort, qui doit venir sur les nuées pour juger les vivants et les morts.

Le Christ fut homme, parce qu’il devait être soumis à la tentation ; il fut Dieu, parce qu’il devait faire éclater sa gloire : mais sa divinité demeurait en quelque sorte inactive, pendant qu’il fut tenté par le démon, pendant qu’il fut injurié, qu’il fut crucifié, et qu’il mourut ; l’humanité disparaît ensuite pour faire place à l’action divine, lorsqu’il triomphe du péché, lorsqu’il répand les trésors de sa divine bonté, lorsqu’il ressuscite, lorsqu’il remonte dans les cieux.

Ainsi notre Seigneur, pendant son séjour sur la terre, a été en même temps et le verbe de Dieu et le Fils de l’homme : il était le Fils de l’homme, étant né de Marie, qui était de l’espèce humaine. Mais, pour que ce miracle s’accomplît, il fallait ce prodige dont parle Isaïe, demandé au plus profond de l’abîme ou au plus haut des cieux ; ce prodige que l’homme ne pouvait espérer, parce qu’il ne pouvait comprendre comment un enfant pourrait naître du sein d’une Vierge ; que cet enfant serait un Dieu, qui s’abaisserait jusqu’à se mêler