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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/383

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ni du monde ; ce qui ressemblerait au dieu d’Épicure, qui ne s’occupe ni de lui-même ni des autres, et qui ne sait rien prévoir.


CHAPITRE XXV.


Que ce monde est gouverné par un Dieu unique dont la providence et la justice sont infinies, qui punit les méchants, récompense les bons et leur accorde le salut éternel.


Dieu prévoit tout ; il est donc l’auteur de toute prudence, et il prête son appui à ceux qui, fidèles à ses inspirations, recherchent la sagesse. Il est donc dans l’ordre que tous les êtres doués de raison, qui sont sous sa dépendance, reconnaissent son autorité et sa providence. Cette grande vérité est d’ailleurs confessée par ceux d’entre les ethniciens qui ont conservé quelque pureté de mœurs et qui ne se sont pas dégradés en adorant des idoles ; ils avouent, quoique à demi-mot, que l’auteur de cet univers est le Père céleste qui prévoit tout, et que c’est lui qui gouverne le monde.

Mais ils perdent tout à coup le fruit de cet aveu en voulant ôter à Dieu le droit de juger, de punir et de récompenser ; cette fonction, selon eux, étant indigne de Dieu ; puis, pour se tirer de la contradiction où ils se jettent, ils imaginent deux dieux, dont l’un juge et l’autre sauve les hommes, ne voyant pas dans leur ignorance que par là même ils les dépouillent l’un et l’autre de toute intelligence et de toute justice. Car, si celui qui juge n’a pas la bonté, comment récompensera-t-il les bons et punira-t-il les méchants avec justice ? Et s’il a seulement la bonté et qu’il ne sache pas discerner les bons et les méchants, il ne sera plus ni bon ni juste ; sa bonté ne sera que faiblesse, car il ne pourrait sauver tous ceux qui mériteraient de l’être.

Il résulte de là que Marcion, en établissant deux dieux, dont l’un représente la bonté, et l’autre la justice, abolit par cela