Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/382

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source de toute grâce : et enfin là est l’esprit de l’Église, c’est-à-dire la vérité même. Aussi ceux qui ne reçoivent pas les émanations de cet esprit, ne seraient-ils pas admis à boire du lait de vie aux mamelles de cette mère commune, de l’Église, ni à goûter, en se nourrissant du corps du Christ, des eaux de la fontaine ineffable de l’immortalité ; mais, pour parler le langage du prophète, ils se creusent des citernes et ne boivent que des eaux fétides et corrompues ; ils redoutent la foi de l’Église qui serait leur condamnation, et ils rejettent l’Esprit qui confondrait leur ignorance.

Ceux donc qui se sont ainsi séparés sont condamnés à flotter à tout vent de doctrine, à n’avoir qu’une opinion qui varie selon les temps, ne pouvant avoir d’idée fixe sur aucune chose ; sophistes plus occupés à jeter des paroles qu’à rechercher la vérité. Car leurs doctrines, loin d’être comme l’Église, établies sur la pierre et sur une pierre unique, sont bâties sur le sable et présentent les principes les plus opposés. Aussi sont-ils sans cesse occupés à inventer on ne sait combien de dieux ; ils s’excusent toujours en disant qu’ils sont à la recherche de la vérité ; mais ils ne la trouvent jamais (et comment le pourraient-ils, les aveugles !), ils blasphèment l’auteur de toute vérité, en prétendant trouver un autre Dieu au-dessus de Dieu, une autre providence, une autre infinie puissance. Aussi, la lumière qui vient de Dieu ne luit point pour eux, car ils le méprisent, ne font point cas de ses dons et ne veulent pas reconnaître que, dans son inépuisable bonté et dans son amour pour l’humanité, il s’est manifesté à elle par son Verbe. Et quand je dis manifesté, ce n’est pas qu’il ait été donné à l’homme de connaître l’immensité et la nature infinie de Dieu, car personne ne peut ni la mesurer, ni la concevoir ; mais il s’est manifesté dans ce sens, qu’il nous a révélé qu’il était lui seul l’auteur de toutes choses, qui animait tout de son souffle et maintenait la vie dans chaque créature, soutenant et affermissant tout par son Verbe et par sa sagesse. Mais Dieu est bien différent du Dieu imaginaire, rêvé par les gnostiques, Divinité, au reste, qui ne s’occuperait nullement de l’humanité