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monde, qui n’a été qu’un développement de sa bonté. Toute cette doctrine est bien différente de celle des gnostiques qui attribuent la création au malentendu de quelque Dieu, tantôt à la conséquence d’une grande faute, tantôt aux pleurs et aux lamentations de la Mère, tantôt à Dieu le père, tantôt à quelque autre Dieu.

Elle a de quoi se désoler, leur mère Achamoth, en voyant à son service des inventeurs et des docteurs de cette force. Il faut avouer cependant qu’ils se montrent dans leurs œuvres tout-à-fait dignes de cette mère, qui est la mère de l’erreur et de l’hérésie ; leur œuvre, en effet, est semblable à un fruit avorté, sans forme et sans beauté ; ils sont toujours au rebours du vrai ; ils marchent dans le vide et les ténèbres, car leur science est ténébreuse et vide ; leur dieu Horus ne peut pas même les recevoir dans son Plérum ; ce n’est pas pour de pareils esprits qu’il tient son paradis en réserve. Le Dieu dont ils s’inspirent ne fait qu’augmenter encore l’épaisseur des ténèbres qui voilent leurs pensées, et ne leur fait produire que des œuvres mortes. Et quand nous parlons ainsi, nous sommes loin de les calomnier, nous ne faisons que répéter ce qu’ils prêchent, ce qu’ils affirment, ce dont ils se vantent, ce qu’ils disent être les inspirations de la Mère qui aurait été engendrée sans père ; et femme serait provenue d’une femme ; c’est ainsi qu’à l’erreur la plus grossière ils joignent les plus dégoûtantes monstruosités.

Mais nous les supplions de ne pas rester plus longtemps dans cet abîme d’erreurs qu’ils ont creusé eux-mêmes, mais d’abandonner sans retour cette Mère, de quitter leur Bythus, et de laisser le vide et les ténèbres ; de renaître à la foi, de rentrer dans le sein de l’Église, de renaître en Jésus-Christ, et de reconnaître enfin avec nous le Dieu véritable et unique et maître de toutes choses ; nous leur faisons cette prière, nous inquiétant plus sérieusement de leur salut qu’ils ne s’en inquiètent eux-mêmes. La charité qui nous anime est sincère et ne peut que leur être profitable, s’ils ne la repoussent pas ; elle agit comme le médecin courageux qui coupe les chairs