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Mais que serait-ce encore s’ils ne nous avaient laissé aucune écriture ? Ne faudrait-il pas suivre l’ordre de la tradition, qu’ils ont confiée à ceux auxquels ils remettaient le gouvernement des Églises ? C’est ce que font encore, ajoute saint Irénée, plusieurs nations barbares, qui croient en Jésus-Christ, sans papier ni encre, ayant la doctrine du salut écrite dans leur cœur par le Saint-Esprit, et gardant avec soin l’ancienne tradition.

Comme la conformité des deux Testaments est une preuve des plus fortes qu’ils ont été inspirés par le même auteur[1], saint Irénée puise dans cette conformité même un argument victorieux en faveur de la tradition. Il démontre aux hérétiques que Jésus-Christ n’est pas venu pour détruire la loi, mais pour l’accomplir ; qu’il ne l’a point transgressée par les guérisons miraculeuses qu’il opérait le jour du sabbat, parce que la loi ne défendait en ce jour que les œuvres serviles, c’est-à-dire celles qui se faisaient par l’espoir de quelque gain.

Saint Irénée reconnaît que le nouveau Testament est plus parfait que l’ancien[2] ; mais il soutient que cette supériorité de la nouvelle loi, bien loin de supposer la moindre contrariété entre l’une et l’autre, est au contraire une marque certaine qu’elles sont émanées d’un même principe, le plus ou le moins ne se rencontrant que dans des choses qui ont relation entre elles. Il établit encore la conformité des deux lois par d’autres raisons puissantes, entre autres par celle-ci : qu’il n’y a presque aucune page de l’ancien Testament, et surtout des livres de Moïse, où il ne soit fait mention du fils de Dieu. Il cite entre autres la fameuse prophétie de Jacob touchant la venue du Messie.

Jésus-Christ, bien loin d’abolir l’ancienne loi, en a confirmé les points principaux, entre autre les deux grands commandements de la charité envers Dieu et envers le prochain, dans lesquels il assure lui-même que la loi et les prophètes étaient renfermés. Mais, en donnant plus d’étendue à ces préceptes, il a

  1. Irén., liv. IV, ch. 8.
  2. Ibid., liv. IV, ch. 8.