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établir l’autorité ; et la grande raison qu’il donne pour ce qui regarde les livres des apôtres, c’est qu’ils ne les ont écrits qu’après la descente du Saint-Esprit, et après avoir reçu une connaissance entière et parfaite de nos mystères.

Pour faire ressortir contre les hérétiques toute la force de la tradition, il démontre qu’aucun des évêques qui ont succédé aux apôtres n’a enseigné que ce que l’on croyait dans toute l’Église. Nous l’apprenons, dit-il, par ceux mêmes qui leur ont succédé depuis le commencement sans interruption, dont nous avons d’ailleurs une connaissance si parfaite, que nous pourrions en donner ici une liste exacte. Mais, pour ne nous arrêter qu’à ceux de l’Église de Rome, la plus grande et la plus ancienne connue par toute la terre, et fondée par les glorieux apôtres Pierre et Paul, nous savons que ces deux derniers choisirent Lin pour gouverner après eux cette Église. À Lin succéda Anaclet ; vinrent après, Clément, Évariste, Alexandre, Sixte, Thélesphore qui souffrit le martyre, Hygnis, Pie, Anicet, Soter, et en dernier lieu Éleuthère, qui est aujourd’hui le douzième évêque de Rome[1]. C’est par la tradition de cette Église[2], et par sa foi prêchée et conservée jusqu’à nous par ces dignes successeurs des apôtres que nous venons de nommer, que nous confondons tous ceux qui osent former des assemblées illicites, soit par amour-propre, soit par vaine gloire, ou par aveuglement, ou enfin par quelque autre motif que ce soit ; car c’est à cette Église, comme à la principale, que l’Église universelle, c’est-à-dire tous les fidèles, sont obligés de s’unir, parcequ’elle a toujours inviolablement conservé la doctrine des apôtres.

Saint Irénée conclut qu’on ne doit pas rechercher la vérité ailleurs que dans l’Église, où les apôtres l’ont mise comme en dépôt. Car enfin, dit-il, s’il s’élevait quelque dispute touchant la foi, à qui devrait-on recourir sinon aux Églises les plus anciennes, où les apôtres ont eux-mêmes enseigné de vive voix ?

  1. Irén., liv. III, ch. 2.
  2. Ibid., liv. III, ch. 3.