Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mené à Rome pour y être livré aux lions de l’amphithéâtre.

Après qu’il y eut été mis en pièces, les fidèles diacres qui l’avaient suivi dans son voyage, ramassèrent le peu d’ossements que les bêtes féroces avaient épargnés, et les ayant rapportés à Antioche, ils les y déposèrent dans une châsse autour de laquelle les fidèles s’assemblaient tous les ans, la veille de son martyre, et là, au souvenir de son dévoûment héroïque, ils veillaient auprès de ses restes.

Je ne dois pas passer sous silence une autre circonstance. Cet illustre Père, traversant les villes d’Asie pour se rendre à la scène de ses souffrances, exhorte les Églises à se tenir sur leurs gardes contre l’hérésie, et à demeurer attachés aux traditions des apôtres ; appuyant ainsi de son autorité cette double règle de foi, la parole non écrite, ainsi que la parole écrite, que tous les bons protestants regardent comme la plus fausse de toutes les fausses doctrines des catholiques.

Je ne puis disconvenir que ces découvertes ne me parussent étranges, bien étranges ! Un pape, reliques des saints, tradition catholique, présence réelle ; tous ces dogmes là dans les premiers siècles de l’Église ! qui aurait pu s’y attendre ?


Visions d’Hermas. — Jeûne.


Je parcourus les deux lettres qui nous restent de saint Barnabé et de saint Polycarpe, sans rien apprendre qui pût répandre de la lumière sur l’objet de ces recherches. Ce fut douc avec plaisir que j’ouvris les pages du pieux et sensible Hermas, et que je m’oubliai, l’espace de plusieurs heures, au milieu de ses visions, qui respirent toutes la simplicité des temps apostoliques, comme au milieu de la plus brillante féerie : Le ciel s’ouvre à ses yeux, un jour qu’il prie à genoux dans une prairie, il apperçoit au milieu des nuages celle qu’il avait aimée ; elle le regarde, et lui dit avec tendresse : « bonjour, Hermas ! » Dans d’autres visions, l’Église de Dieu lui apparaît, tantôt sous la forme d’une vénérable matrone occupée à lire, tantôt sous les traits d’une