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SAINT IRÉNÉE.

tament appela le monde à une paix universelle, et mit en vigueur par toute la terre la loi de la régénération de l’humanité, selon ces paroles d’Isaïe : « Car la loi sortira de Sion, et la parole du Seigneur de Jérusalem, et le Seigneur jugera les nations ; il accusera la multitude des peuples ; alors, ils changeront leurs épées en instruments de labour, leurs lances en faucilles ; les nations ne lèveront plus le fer contre les nations ; on ne les verra plus s’exercer au combat. » Si cette nouvelle loi et cette nouvelle parole du Seigneur qui devaient sortir de Jérusalem, et qui devaient apporter une si grande paix aux nations qui les recevraient, eussent été seulement un sujet d’accusation et de reproche de la part de Dieu envers la multitude des peuples ; dans cette hypothèse, les prédictions des prophètes paraîtraient devoir s’appliquer à un autre qu’au Christ. Mais si nous prenons la prophétie dans son entier, alors nous voyons que cette loi de liberté, c’est-à-dire cette parole de Dieu, qui est venue de Jérusalem, dans la personne des apôtres qui en sont sortis, et qui a été prêchée ensuite par toute la terre, a été seulement une loi de changement et de progrès, par laquelle les épées et les lances guerrières auraient été transformées en charrues et en faucilles, pour recueillir la moisson ; en sorte que les peuples devenus pacifiques ne savent plus combattre, et que si on leur donne un soufflet, ils présentait l’autre joue ; alors, d’après cette explication, qui est la seule complète, il faudra reconnaître que les prophéties ne peuvent s’appliquer qu’au Christ qui les a accomplies toutes. C’est lui seul qui est notre Seigneur, et ses actions s’accordent parfaitement avec ce qui avait été prédit à son sujet ; car c’est bien lui qui a changé le fer des combats en charrues et en faucilles, c’est-à-dire qui a rendu l’homme à sa première innocence, telle qu’elle lui avait été donnée dans la personne d’Adam, le père du genre humain, et qui est venu recueillir au temps marqué la moisson spirituelle du genre humain. Il est donc ainsi venu unir les choses de la fin aux choses du commencement, exerçant sur tout sa puissance souveraine ; et c’est ainsi qu’il a purifié le monde qui lui appartient. Son