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SAINT IRÉNÉE.

royaume des deux ; mais les enfants du royaume seront jetés dans les ténèbres extérieures ; là seront les pleurs et les grincements de dents. » Si donc, ceux qui croient en lui, comme nous le disent les apôtres, seront rassemblés de l’orient à l’occident, et s’assiéront avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux, et prendront part au même banquet, il faut conclure que cette vérité nous démontre un seul et même Dieu, qui a envoyé les prophètes, qui a visité son peuple, et qui a ensuite appelé à lui les gentils.


CHAPITRE XXXVII.


L’homme est libre ; il est donc doué de la faculté de choisir, ou du libre arbitre ; ainsi il ne faut point dire que parmi les hommes, il y en a qui sont naturellement méchants, d’autres naturellement bons.


Notre Seigneur n’a-t-il pas dit, en s’adressait à Jérusalem : Combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, « comme la poule rassemble ses petits, et tu ne l’as pas voulu ? » Le Christ, par ces paroles, a proclamé la loi primitive de la liberté de l’homme. Car Dieu a créé l’homme libre, dès le commencement ; il l’a laissé maître de son âme, comme du pouvoir de choisir, sans être influencé par la puissance de Dieu. Car Dieu n’use jamais de violence ; toutes ses œuvres sont réglées par l’esprit de sagesse, et il n’inspire que de sages pensées à tous, il a donc doué l’homme, de même que les anges, de la faculté de choisir, (car les anges sont doués d’une âme raisonnable) ; ainsi ceux qui font le bien, reçoivent pour récompense le bonheur, qui est, il est vrai, un don de Dieu, mais dont le dépôt est confié à l’homme. Au contraire, ceux qui ne suivent pas les règles de la justice, seront trouvés vides de bonnes œuvres, et recevront un châtiment proportionné à leur démérite ; car Dieu nous accorde gratuitement le don de bien famé, et ceux qui ne le mettent pas à profit dédaignent «e don précieux, et outragent ainsi Dieu dans sa bonté ; et dès qu’ils re-