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SAINT IRÉNÉE.

créé, se montrant en cela plus déraisonnables que les animaux privés de la parole. Mais ces reproches ne sauraient atteindre Dieu, car ils sont le résultat de la déraison de l’homme. L’homme raisonnable, au contraire, rend grâces à Dieu de ce qui a créé tout ce qui existe, d’abord parce qu’il l’a créé ; il reconnaît que l’homme n’a point été créé dieu, lorsqu’il est venu au monde, mais seulement destiné par son développement moral à se rapprocher de Dieu. Quoique Dieu ait créé toutes choses dans l’effusion de sa bonté, cependant de peur qu’on ne le regardât comme un Dieu jaloux et superbe, n’a-t-il pas dit : « Je l’ai dit, vous êtes des dieux, vous êtes tous les fils du Très-Haut ? » Mais, pour nous avertir que nous n’étions pas capables de supporter le fardeau de la divinité, il a ajouté ensuite : « Mais vous mourrez comme des hommes. » Par là tout se trouve expliqué, et son infinie bonté, et notre faiblesse, et l’indépendance de notre libre arbitre. C’est par sa bonté que tout ce qu’il a fait est bon, et que l’homme, partageant le privilége de Dieu, est maître de sa liberté ; mais c’est sa prévoyance qui lui a fait connaître quelle serait la faiblesse de l’homme, et les conséquences qu’elle produirait ; et c’est ensuite dans son amour et sa puissance qu’il a trouvé le moyen de donner à la nature créée de l’homme les priviléges de l’être incréé. Il fallait que la nature créée de l’homme se développât suivant les lois de sa formation, et qu’ensuite ce qu’il y avait en lui de mortel fût absorbé par l’immortel ; et que l’homme, arrivant enfin à la connaissance du bien et du mal, devînt fait à l’image et à la ressemblance de Dieu.


CHAPITRE XXXIX.


L’homme a reçu la faculté de discerner le bien et le mal, afin de pouvoir suivre dans une pleine liberté et de sa propre volonté les commandements de Dieu, et avoir ainsi les moyens de se rendre plus parfait, et d’éviter le châtiment destiné à ceux qui enfreignent ces commandements.


L’homme a été doué de la faculté de discerner le bien et le