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SAINT IRÉNÉE.

mal : le bien consiste à croire en Dieu, à lui obéir, à garder ses commandements ; c’est là ce qui donne la vie éternelle à l’homme ; et par contre, le mal est dans la désobéissance. Le discernement est comme l’œil de l’âme, au moyen duquel elle acquiert l’expérience du mal et du bien, apprend à juger ce qui est plus parfait, et exécute avec zèle et sans relâche les commandements de Dieu ; le discernement lui enseigne ainsi que ce qui lui fait perdre la vie éternelle est le mal qui provient de la désobéissance à la loi de Dieu, qu’il faut par conséquent l’éviter et rechercher avec ardeur ce qui donne la vie éternelle, le bien, c’est-à-dire l’obéissance aux ordres de Dieu. Et comment l’âme pourrait-elle connaître ce qui est bien, si elle ignorait ce qui lui est contraire, ou le mal ? car nous acquérons une connaissance bien plus sûre des choses que nous avons sous les yeux, que de celles que nous ne pouvons entrevoir que par déductions et par conjectures. De même que la langue acquiert par le goût le sentiment de ce qui est doux et de ce qui est amer, que l’œil distingue par l’effet de la vision ce qui est noir de ce qui est blanc, que l’oreille apprend par l’ouïe à distinguer les sons les uns des autres, ainsi l’âme, par l’expérience du mal et du bien, s’affermit dans la pratique de l’obéissance de Dieu. D’abord, la pénitence qu’elle est obligée de faire de son péché lui en fait sentir toute l’amertume ; puis la comparaison qu’elle fait du bien et du mal lui inspire pour celui-ci la plus grande horreur. Celui donc qui néglige d’acquérir cette connaissance du bien et du mal, court à sa perte et devient homicide envers lui-même.

Comment l’homme, qui n’a pas le pouvoir de se créer lui-même, pourrait-il s’égaler à Dieu ? comment cet être, qui n’existait pas naguère, pourrait-il devenir parfait tout à coup ? comment parviendra-t-il à l’immortalité, si, pendant sa vie mortelle, il n’a pas obéi à son Créateur ? Il faut que nous nous soumettions d’abord aux conditions de notre vie d’homme, avant de participer à la gloire de Dieu ; ce n’est pas nous qui faisons Dieu, mais c’est Dieu qui nous fait. Si donc nous sommes l’ouvrage de Dieu, abandonnons-nous à la main qui