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SAINT IRÉNÉE.

ou récompense. C’est cette vérité que le Seigneur nous enseigne lui-même dans la parabole du bon grain et de l’ivraie : « Comme on arrache l’ivraie et qu’on la jette au feu, il en sera ainsi à la fin du monde ; le Fils de l’homme enverra ses anges, et ils arracheront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité, et il les jetteront dans la fournaise du feu : là seront les pleurs et les grincements de dents. Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. »

Il est lui-même ce père de famille qui a semé le bon grain dans son champ ; ce champ, c’est le monde. « Et pendant que les serviteurs dormaient, son ennemi vint, sema l’ivraie au milieu du blé, et s’en alla. » Or, cet ennemi qui sème l’ivraie, c’est l’ange de ténèbres, devenu jaloux de l’homme, puis ayant osé se révolter contre son Créateur. Dieu, dans sa justice, prive à jamais du salut celui qui a accueilli en secret et avec joie la mauvaise semence de l’ivraie, c’est-à-dire qui s’est complu dans le péché ; mais sa miséricorde pardonne à celui qui n’est coupable que par négligence et qui n’a péché qu’à regret ; il lui retire son inimitié, qu’il reporte toute entière sur le démon, cause première de tous les maux et qui avait voulu faire de cet homme un ennemi de Dieu ; il la reporte sur le serpent, et ainsi s’accomplit la malédiction qu’il a prononcée contre le serpent : « Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et la sienne : elle te brisera la tête et tu la blesseras au talon. » Voilà donc comment la colère de Dieu contre l’homme, à cause de sa désobéissance, se reporta sur le démon. Ce point a été traité dans le livre précédent.