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SAINT IRÉNÉE.

bien, par le fait de notre création, tous enfants de Dieu, puisque c’est lui qui nous a tous créés ; mais, suivant la foi et la croyance, il n’y a réellement que ceux qui croient en lui et qui font sa volonté qui soient ses enfants. Ceux qui ne croient pas en lui, et qui n’accomplissent pas ses préceptes, sont tous des enfants du diable, selon ces paroles d’Isaïe : « J’ai nourri des enfants, je les ai élevés ; et ils se sont révoltés contre moi. » Le psalmiste dit aussi dans le même sens : « Mes enfants, devenus rebelles, ont menti contre moi. » C’est-à-dire qu’ils sont fils de Dieu, sous le rapport de la création de leur être ; mais ils ne le sont pas selon leurs œuvres.

De même que, parmi les hommes, les enfants qui sont déshérités par leurs parents n’ont point de part à leur héritage ; de même en est-il vis-à-vis de Dieu : ceux qui ne sont pas fidèles à sa loi, sont déshérités par lui et ne sont plus ses enfants. Ils ne sont donc pas aptes à recueillir son héritage ; et c’est d’eux que parle David, quand il dit : « Les impies se sont égarés dès leur naissance, le poison qu’ils répandent est semblable au venin du serpent. » Aussi notre Seigneur, qui connaissait bien leur méchanceté, les appelle-t-il race de vipères, les comparant à ces animaux qui rampent et qui mordent les passants ; et il dit à ses disciples : « Gardez-vous soigneusement du levain des Pharisiens et des Sadducéens ; » et dans un autre endroit : « Allez, et dites à ce renard, » en parlant d’Hérode, pour exprimer son astuce et sa ruse diabolique. C’est dans le même sens encore que parle David, quand il dit du méchant : « Mais l’homme, au milieu de sa grandeur, n’a pas compris sa destinée ; il s’est fait semblable aux animaux qui meurent tout entiers. » Et Jérémie : « Ils sont devenus comme des chevaux qui hennissent après les cavales : chacun d’eux a poursuivi la femme de son prochain. » Le prophète Isaïe, prêchant dans la Judée, et reprochant à Israël ses iniquités, disait à ce peuple qu’il était semblable à celui de Sodome et de Gomorrhe, pour marquer qu’il s’adonnait à des désordres semblables et qu’il s’exposait au même sort. Mais comme Dieu ne les avait point créés ainsi, et pour les engager à revenir à des