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SAINT IRÉNÉE.

nier avénement du Messie, qui font habiter Dieu en eux par la foi, ceux-là sont appelés avec raison des hommes purs, spirituels, et qui vivent en Dieu ; car ils sont en possession de l’esprit du Père, qui purifie l’homme et l’élève par l’espérance jusques dans les régions célestes. Notre Seigneur nous l’a assuré lui-même, en disant que la chair est faible et que l’esprit est prompt. Mais l’esprit a le pouvoir de donner plus de perfection à ce qui se trouve placé sous l’action de cette promptitude qui lui est propre ; si donc l’esprit qui est prompt vient à stimuler la paresse de la chair, il en résultera que ce qui est fort dominera ce qui est faible, c’est-à-dire que la faiblesse de la chair sera absorbée dans la force qui est naturelle à l’esprit. L’homme dans lequel s’opère ce phénomène ne sera plus un homme charnel, mais un homme spirituel, par la prédominance de l’esprit en lui ; tels sont les martyrs, que nous voyons mépriser la mort, parce que la promptitude et la force de l’esprit surmontent en eux la faiblesse de la chair et sa révolte contre la souffrance. La faiblesse de la chair étant vaincue, l’esprit paraît dans toute sa puissance ; l’esprit dès lors absorbe en lui et s’approprie la chair avec sa faiblesse ; dès ce moment l’homme devient homme vivant ; homme, par la chair qui forme son corps, vivant, par l’esprit dont il est rempli.

Il est donc vrai que la chair qui n’est pas vivifiée par l’esprit de Dieu est une chair morte, et qui ne peut posséder le royaume de Dieu, parce qu’elle n’a pas la vie ; ce n’est plus autre chose qu’un sang mort que l’on répand à terre. Voilà pourquoi saint Paul dit : « Comme le premier homme a été terrestre, ses enfants sont aussi terrestres. » Là où est l’esprit du Père, là est l’homme vivant, le sang spirituel, mis en réserve par Dieu pour le venger des méchants ; là est la chair qui s’est donnée à l’esprit, en oubliant sa propre nature, pour entrer dans la nature de l’esprit, qui est enfin devenue semblable à la chair du Verbe. C’est pour cela que l’apôtre dit : « Comme donc nous avons porté l’image de l’homme terrestre, portons aussi l’image de l’homme céleste. » Qu’est-ce qui est terrestre ? c’est le corps. Qu’est-ce qui est céleste ?