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SAINT IRÉNÉE.

c’est l’esprit. Et, comme le dit encore saint Paul, tant que nous ne sommes pas convertis à l’esprit céleste, nous demeurons dans la chair du vieil homme, et en révolte contre Dieu ; avons-nous reçu l’esprit, nous marchons dans une vie nouvelle, et nous devenons conformes à la volonté de Dieu.

C’est donc parce que nous ne saurions être sauvés sans avoir l’esprit de Dieu, que l’apôtre nous exhorte à conserver en nous cet esprit par la fermeté de notre foi et par une vie chaste et pure ; et comme si nous venions à perdre cet esprit, nous perdrions en même temps le droit à l’héritage céleste ; c’est ce qui lui fait dire hautement que la chair seule et le sang ne peuvent posséder le royaume de Dieu.

Et pour dire toute notre pensée, ce n’est pas la chair qui possède, mais c’est elle qui est possédée. Notre Seigneur n’a-t-il pas dit : Heureux ceux qui sont doux, parce qu’ils posséderont la terre ? ce qui semble dire que la terre, d’où est tirée la matière de notre corps, est soumise à l’esprit de ceux qui sont doux ; aussi le Seigneur veut-il que nous maintenions notre corps dans la pureté, afin que l’esprit de Dieu se plaise à l’habiter, comme un époux avec son épouse. Et de même que l’épouse ne peut posséder l’époux, mais qu’elle est possédée par lui, lorsqu’il arrive et qu’elle entre en son pouvoir ; de même, la chair ne peut toute seule et par elle-même, se mettre en possession de l’héritage céleste ; mais elle en prend possession par l’esprit qui est en elle. Car c’est celui qui est vivant qui possède l’héritage de ceux qui sont morts ; et, autre chose est de posséder l’héritage ; et autre chose, d’être possédé dans l’héritage. Celui, en effet, qui est maître de l’héritage, dispose et jouit de ce qu’il contient comme il l’entend ; tandis que les choses qui sont dans l’héritage, lui sont soumises, lui obéissent et dépendent de son vouloir. Or, qu’est-ce qui est vivant en nous, si ce n’est l’esprit de Dieu ? Et qu’est-ce qui est mort en nous ? Ce sont nos membres corporels, qui sont en dissolution dans la terre. Mais l’esprit de Dieu s’en empare et les vivifie, pour les faire vivre dans le royaume des cieux.