Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/585

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
529
SAINT IRÉNÉE.

sortit, ayant les mains et les pieds liés. » Ces mains et ces pieds liés étaient le symbole des liens dans lesquels le retient le péché. Alors, Jésus dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. » Ainsi, ceux que le Christ rappela à la vie furent ressuscités avec les mêmes membres dans lesquels ils avaient souffert, et ceux qui furent guéris le furent avec les mêmes membres qu’ils avaient auparavant malades, afin de nous apprendre que l’éternité ne sera pour nous qu’une suite de l’état où nous aurons été pendant cette vie ; car il n’y a que Dieu qui puisse donner la guérison et la vie, et nous fournir ainsi un gage certain de la résurrection future. C’est ainsi qu’à la fin des temps, et au son de la dernière trompette, qui sera comme l’interprète des ordres de Dieu, tous les morts ressusciteront : « L’heure viendra, où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix ; et ceux qui auront bien fait en sortiront pour la résurrection de vie ; mais ceux qui auront mal fait, pour la résurrection de condamnation. »

Ils sont vraiment à plaindre, les hommes que leur vanité et leur orgueil empêche de voir des vérités aussi claires, aussi évidentes ; qui fuient la lumière, et qui, semblables à l’Œdipe de la tragédie, se crèvent eux-mêmes les yeux. Tels encore ces lutteurs que l’on voit dans la palestre, qui, tenant fortement de leurs deux mains un membre de leur adversaire, s’en vont tomber sur l’arène en le tenant toujours, croyant ainsi remporter la victoire, parce qu’ils n’ont pas lâché prise ; mais ils tombent sous leur adversaire, et ils font rire à leurs dépens. Il en est ainsi des hérétiques, parce que le sang et la chair ne peuvent posséder le royaume de Dieu. Ils font des variantes de ce texte, et ne veulent pas voir le sens de la pensée de l’apôtre, ni scruter la vertu de ses paroles. Ils meurent ainsi en répétant les mots de ce passage machinalement et sans y penser, et au milieu de leurs efforts pour altérer et pour étouffer la parole divine.

Ils prétendent à tort que ce même passage ne doit s’entendre que de la chair elle-même, et non point des œuvres charnelles, s’efforçant ainsi de mettre l’apôtre en contradiction