CHAPITRE XIV.
Quand l’apôtre saint Paul a dit que la chair et le sang ne pouvaient posséder le royaume des cieux, il a été bien éloigné de vouloir prononcer anathême contre la chair et le sang, et d’autant moins que, lorsqu’il parle de notre Seigneur Jésus-Christ, il le désigne souvent par les noms de sa chair et de son sang ; voulant par là, tantôt rappeler l’humanité du Christ, (car lui-même il s’appelait le Fils de l’homme), tantôt rappeler qu’il était venu pour sauver notre corps aussi bien que notre âme ; car si notre chair n’avait pas dû participer au salut, pourquoi le verbe de Dieu se serait-il fait chair comme nous ? et si ce n’eût pas été pour sauver le sang des justes, pourquoi le Christ aurait-il pris un corps composé de sang et de chair ? Mais nous voyons que, dès le commencement de la création, le nom de sang a été significatif de l’homme et de la vie de l’homme. En effet, lorsque, dans la Genèse, Dieu reproche à Caïn le meurtre de son frère, il lui dit : « La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi. » Et pour annoncer que le sang ne serait jamais versé sans attirer la punition du coupable, nous lisons que Dieu dit à Noë : « Car je rechercherai votre sang et votre vie, sur tous les animaux, et sur l’homme, frère ou étranger ; je rechercherai, sur celui qui l’aura répandu, le sang de l’homme. » Et le Christ lui-même, en parlant de ceux qui devaient répandre son sang, n’a-t-il pas dit : « Et le sang de tous les prophètes, qui a été versé par cette nation, depuis le commencement du monde, lui sera redemandé, depuis le sang d’Abel jusqu’au sang de Zacharie, qui a été tué entre l’autel et le temple ; je vous déclare qu’il en sera demandé compte à cette nation. » Il exprimait