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leur fournissaient et la doctrine qu’elle leur avait communiquée, et les systèmes qu’elles empruntèrent au monde ancien tout entier.

« Si le Christianisme eut à soutenir une lutte aussi vive dès son origine, c’est dans la générosité même de ses principes qu’il faut en chercher la première cause. Il invitait le monde entier à venir se placer dans ses rangs ; il ne mettait point d’autres bornes à son universalité que celles du genre humain ; il sanctionnait comme autant de dogmes les espérances les plus sublimes de l’homme. Dès-lors, il ne pouvait tarder à posséder dans ses sanctuaires et ses écoles des individus de tous les peuples et des éléments de tous les systèmes. Jusqu’alors toutes les législations religieuses s’étaient bornées à une seule nation, et n’avaient rencontré dans leur origine qu’une seule opposition : le Christianisme, s’adressant à tous les esprits, dut provoquer plus de fermentation dans son sein, et plus de résistance au-dehors que tout ce qui l’avait précédé. Le Christianisme est d’ailleurs entré dans le monde à l’une des époques les plus caractéristiques de l’esprit humain. Tous les systèmes avaient été élevés, et tous les systèmes s’écroulaient. Depuis cet ébranlement général qui était résulté des guerres d’Alexandre dans les trois parties du monde, les doctrines de la Grèce, de l’Égypte, de la Perse et de l’Inde se rencontraient et se confondaient partout. Toutes les barrières qui jadis avaient séparé les nations étaient rompues, et les peuples de l’occident qui avaient toujours rattaché leurs croyances aux croyances de l’orient, s’étaient hâtés de les y retremper. Les Grecs, dont