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SAINT IRÉNÉE.

terrestre. Là, Dieu avait préparé abondamment tout ce qui était nécessaire pour la nourriture d’Adam et d’Ève ; il n’y avait qu’un seul arbre auquel il leur avait interdit de toucher. En effet, nous lisons dans l’Écriture que Dieu dit à l’homme : « Tu peux manger de tous les fruits du jardin. Mais ne mange pas du fruit de l’arbre de la science du bien et du mal ; car, au jour que tu en mangeras, tu mourras de mort. » Mais le démon, mentant contre la parole de Dieu, se mit à tenter nos premiers parents ; il s’adressa d’abord à la femme, en lui disant : « Pourquoi Dieu vous a-t-il défendu de manger du fruit de tous les arbres de ce jardin ? » La femme commence à rejeter l’insinuation du tentateur, en rappelant l’ordre de Dieu, et disant : « Nous mangeons des fruits des arbres de ce jardin, mais pour le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu nous a commandé de n’en point manger et de n’y point toucher, de peur que nous ne mourions. » Dès que le serpent eut connu le commandement de Dieu, que la femme lui redisait, il cherche aussitôt à séduire son orgueil par un mensonge adroit, en lui disant : « Assurément vous ne mourrez point de mort ; car Dieu sait que le jour où vous aurez mangé ce fruit, vos yeux s’ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. » Le voilà donc qui, dans le paradis de Dieu, ose parler contre Dieu même, comme si Dieu ne l’entendait pas ; mais il ignorait la grandeur et la toute-puissance de Dieu. Et lorsque Ève eut dit au démon la menace que Dieu leur avait faite de les faire mourir, s’ils mangeaient du fruit défendu, il répond et ment une troisième fois, en ajoutant : Vous ne mourrez point. Mais la mort, qui a suivi la première désobéissance, a prouvé que Dieu avait été véridique dans sa parole et le démon menteur dans la sienne. Aussitôt qu’Adam et Ève eurent mangé du fruit défendu, la mort fut en eux parce qu’ils avaient désobéi : la désobéissance à Dieu cause la mort. Aussi, dès ce moment, Adam et Ève devinrent la conquête de la mort et furent débiteurs envers elle.

Ils devinrent donc sujets de la mort et ses débiteurs, le jour même où ils mangèrent du fruit défendu ; car la vie de la