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rieux événement qui venait de guérir, parmi les Æons, celui d’entre eux qui souffrait. La maladie de douze ans était l’indication claire de cet Æon dont la substance allait s’étendant, s’écoulant dans l’infini, s’il n’eût touché le vêtement du Fils, la vérité de la première quaternité manifestée par la frange, et ne se fût perdu dans son essence : la vertu sortit alors du Fils de Dieu (qu’ils veulent appeler Horos) et arracha cet Æon entièrement à sa souffrance.

Pour prouver que le Sauveur est né de l’effort réuni de tous les Æons et qu’il est tout, ils citent ce passage : « Tout homme, pour naître de Dieu, ouvre le sein de sa mère, etc. » Le Sauveur, étant tout lui-même, a ouvert la voie à la pensée de cet Æon, que le malheur avait banni du Plerum ; de là une nouvelle ogdoade à laquelle nous reviendrons ; ils citent encore, à l’appui de leur explication, ces fragments de saint Paul : « Il est tout ; tout est dans lui ; tout est par lui, en lui réside toute plénitude de la Divinité ; Dieu a tout rétabli dans son Christ. » Voilà quelques-unes de leurs explications, on peut juger des autres.

Pour revenir à Horos, dont le nom varie à l’infini, ils admettent en lui deux modes d’actions, la force et la séparation ; lorsqu’il cherche à appuyer et à maintenir, ils l’appellent Crux ; veut-il séparer, ils lui donnent le nom d’Horos. Le Seigneur lui-même, prétendent-ils, a manifesté cette double action, et d’abord la force, quand il a dit : « Celui qui ne porte pas sa croix et qui me suit ne peut être mon disciple ; prenez votre croix, et suivez-moi. » Il aurait prouvé, en second lieu, la puissance de séparation, par ces paroles : « Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. »

Saint Jean, ajoutent-ils, a révélé expressément la même double action, quand il a dit : « Le van est dans ses mains, il va préparer l’aire, il recueillera le froment dans ses greniers, et son feu inextinguible consumera la paille. » Cette action révèle manifestement Horos qui sépare ; d’abord, ils prétendent que le van n’est autre que la croix, par qui sont anéanties les choses matérielles, comme la paille est anéantie par le feu ; elle