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À la création du monde matériel succéda bientôt l’homme, être vivant, non point l’homme fait de terre aride, mais un autre homme qu’une substance invisible, fusible, fluide et matérielle servit à animer. La vie lui fut donnée par un souffle, et il fut créé à l’image et ressemblance de son auteur ; il a des rapports avec Dieu par la ressemblance intellectuelle, mais son essence n’est point la même ; il lui devient semblable par sa vie animée, par le souffle qu’il a reçu, par son essence, par l’esprit enfin qui le caractérise. Revêtu plus tard, entouré de ses chairs comme d’un vêtement, il traîna sur la terre un corps visible.

Demiurgos ignora le second enfantement de sa mère Achamoth, produit par la contemplation des anges qui entouraient le Sauveur ; il l’ignora, parce que le produit fut de même essence que sa mère, c’est-à-dire spirituelle : celle-ci profita de son ignorance, le déposa dans son sein sans qu’il s’en doutât, afin qu’un jour, après l’avoir nourri comme la mère nourrit l’enfant qu’elle porte dans son sein, il pût lui donner une forme parfaite et ranimer par l’usage de la parole. Demiurgos ne se douta donc pas, en soufflant l’âme dans sa créature, que, par une ineffable vertu, Sophia avait aussi contribué à la création de l’homme ; il avait ignoré sa mère, il ignora ses enfants. Cette alliance de l’esprit et de la matière est le symbole, suivant les valentiniens, de l’Église supérieure, et l’homme, tel qu’ils veulent le figurer, a reçu son âme de Demiurgos, son corps de la terre, emprunté ses chairs à la matière, et le souffle humain à Achamoth.


CHAPITRE VI.


Les trois hommes des hérétiques ; inutilités des bonnes œuvres nécessaires aux seuls catholiques ; aucun désordre ne peut les souiller ; dissolution de leurs mœurs.


De là, trois faits principaux : l’être matériel ou secondaire doit nécessairement périr, puisqu’il n’a reçu aucun souffle d’in-