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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/84

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germe, les troisièmes enfin de Demiurgos ; ils soumettent aussi Jésus à une triple inspiration, celle du Sauveur, celle de sa mère et celle de Demiurgos. Nous reviendrons sur ce sujet.

Demiurgos, ignorant les secrets du monde supérieur, s’émut aux paroles qui se disaient ; il eut cependant le bon esprit de les mépriser, confondant entre elles les raisons et les prophéties, heureux d’avoir son influence propre sur l’homme, sa créature, et de pouvoir embrasser les choses d’un ordre secondaire : son ignorance dura jusqu’à l’arrivée du Sauveur. Celui-ci, dès son avénement, lui enseigna toutes choses, s’unit à lui, le rendit participant de sa puissance ; les valentiniens disent qu’il est ce centurion que l’Évangile fait parler ainsi au Sauveur : « Homme ! j’ai sous ma puissance des serviteurs qui exécutent ce que je leur commande. » Ce commandement, suivant nos hérésiarques, durera pour l’administration du monde jusqu’au temps où l’Église, connaissant la récompense préparée aux élus, n’aura plus besoin de ses services, c’est-à-dire jusqu’au temps où la sphère de sa mère deviendra la sienne.

Les trois espèces d’hommes spirituel, matériel, psychique, sont représentés par Caïn, Abel et Seth ; les valentiniens soumettent encore ces trois espèces à trois classifications générales : la matière, ce qui meurt ; l’animation, ce qui, en embrassant les choses les meilleures, peut s’élever à la sphère moyenne comme à son lieu de repos, mais ce qui va se perdre et s’anéantir dans le mal, si le mal est l’objet de son choix ; l’esprit enfin émané d’Achamoth, et dont l’existence doit se prolonger autant que durera le perfectionnement des âmes des justes, germe tendre dès le principe, mais destiné à parcourir tous les degrés de perfectibilités, pour arriver à la dignité d’épouses des anges, satellites du Sauveur, et au repos éternel auprès de Demiurgos. Nos hérésiarques soumettent encore ces âmes à une nouvelle division ; les unes sont naturellement bonnes, les autres naturellement mauvaises ; les bonnes reçoivent la semence des choses spirituelles, les mauvaises en sont incapables.