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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/93

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grands exploits, Hercule l’invincible, mais pleurant aujourd’hui. Le fils de Jupiter doit arracher à l’antre ténébreux de l’Érèbe le chien qui le garde : le héros part, et, semblable au lion dont le mâle courage s’est nourri dans les solitudes, il va : des jeunes-gens, des femmes, des vieillards, les yeux baignés de larmes, le suivent, comme s’il eût marché à une mort certaine ; mais Mercure voulut lui servir de guide, et Pallas, sa sœur, l’accompagner ; elle savait ce que souffrait son frère et quels exploits l’avaient signalé. »

Quel homme, s’il n’est point versé dans les lettres, ne croira pas aussitôt qu’Homère lui-même ait traité ce sujet ? L’homme lettré s’appercevra aisément de l’adresse qui a rapproché ainsi, pour les adapter à un sujet étranger, des vers sur Ulysse, des vers sur Hercule, des vers sur Priam, des vers enfin sur Ménélas et Agamemnon. Si on restitue ces vers à la page d’où ils ont été tirés, le nouveau sujet disparaît. Ainsi, celui qui porte en lui-même la règle infaillible de la vérité qu’il a reçue au baptême reconnaîtra les fragments de l’Écriture, ses paraboles, ses expressions, servant d’enveloppe au système impie des valentiniens ; mais il ne dévoilera pas toujours ce qu’il y a de faux dans leurs raisonnements. Et pour revenir à notre première comparaison, les diamants qui encadrent le portrait seront reconnus par lui, sans qu’il se trompe sur la figure du portrait ; mais rapportant chaque passage à l’endroit auquel il appartenait, le Chrétien détruira l’œuvre trompeuse et chimérique des hérésiarques, et mettra à découvert tout ce qu’elle offre de vrai et de faux.

En attendant les développements ultérieurs sur ce sujet, en attendant les réponses de ces comédiens, qui ne manqueront pas de se détruire l’un après l’autre, il sera bon, je pense, de montrer l’étrange désaccord qui règne entre les inventeurs de ces fabuleuses doctrines et à quels vents contraires l’erreur les livre sans cesse. On pourra voir que la base des vérités qu’enseigne l’Église est aussi solide qu’est vaine et chimérique l’opposition de ceux qui l’attaquent.