Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/97

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ques. Eh bien, qu’a-t-il fait, si ce n’est d’accommoder à son caractère et à sa manière de voir la doctrine des anciens gnostiques, et voici comment : d’abord il admet une certaine dualité ineffable : l’une des parties de cette dualité s’appelle Arhétus, l’autre Sigé ; de cette dualité il en fait naître ensuite une seconde, divisée aussi en deux parties : l’une est le Père, l’autre est la Vérité. Cette double dualité forme une quaternité mère de Logos, de Zoé, d’Anthropos et d’Ecclesia ; et tout cela forme la première ogdoade. De Logos et de Zoé, dix puissances sont émanées, ainsi que nous l’avons dit déjà. D’Anthropos et d’Ecclesia, douze sont sorties : parmi celles-ci, l’une se sépara des autres, se révolta, et acheva l’œuvre de la création. Dans son système, il existe deux Horos : le premier, placé comme limite entre Bythus et le reste du Plerum, et servant de distinction vivante entre les Æons créés et le Père incréé ; l’autre, placé comme terme de séparation entre leur mère et le Plerum. Valentin ne fait pas naître le Christ des Æons qui habitent le Plerum, mais du souvenir que garda leur mère exilée du Plerum des plus parfaits d’entre eux : il est comme enveloppé de ténèbres ; mais lui, être viril, s’en dégage, rentre au Plerum, et abandonne dans les ténèbres, privée de toute vertu spirituelle, la malheureuse Sophia ; mais celle-ci eut un second fils, le Demiurgos, qui aurait un empire absolu sur la partie de l’univers qui lui serait échue en partage. Avec Demiurgos fut produit un second être de puissance secondaire. Cette tradition de Valentin concorde admirablement avec une invention semblable des faux gnostiques, dont nous aurons à parler. Jésus eut pour père Théletus, c’est-à-dire cet Æon séparé de la mère des Æons, et suivant Valentin, universalisé dans les autres êtres d’autrefois ; cependant il le fait naître de cet Æon qui revint de lui-même au Plerum, et qui est le Christ ; quelquefois il regarde ce Jésus comme ayant été produit par Anthropos et Ecclesia. Enfin l’Esprit saint, destiné à féconder les Æons, serait né d’Ecclesia ; il pénètre en eux par des voies invisibles et leur souffle la vérité fécondante.

Secundus, à son tour, admet dans l’ogdoade une double di-