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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/101

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fils, aborda en Italie, où il fut accueilli par Janus. Grec d’origine, et poli par les arts, il en enseigna plusieurs à ces peuples incultes et ignorants ; il leur apprit à tracer des lettres, à marquer la monnaie d’une effigie, à forger des instruments. Il voulut que la contrée qui lui avait offert un asile fût appelée Latium, parce qu’elle l’avait caché.

C’est de lui que la ville de Saturnie prit son nom, comme Janiculum prit celui de Janus ; l’un et l’autre voulant laisser à la postérité un long souvenir. Saturne est donc un homme qui fuit, un homme qui se cache ; c’est le père d’un homme et le fils d’un homme. S’il fut appelé fils du ciel et de la terre, c’est qu’il vécut en Italie sans parents connus. Comme aujourd’hui nous disons tombés du ciel ceux qui nous arrivent soudainement ; et sortis de la terre, les inconnus qui nous paraissent d’une origine ignoble. Jupiter, son fils, régna sur la Crète ; là il eut des enfants, là il mourut. On visite encore l’antre de Jupiter ; on montre encore son tombeau, et sa mortalité est mise au grand jour par la nature des sacrifices qu’on lui offre.

XXIII. Il est inutile, je crois, de descendre à chacun des autres dieux en particulier, et de développer toute la suite de cette prétendue race divine, puisque la mortalité prouvée dans les pères a passé, par l’ordre même de la succession, dans le sang des fils, à moins que vous n’en fassiez des dieux après leur mort. Ainsi Romulus est Dieu grâce au parjure de Proculus ; ainsi Juba est Dieu grâce à la volonté des Maures ; ainsi des autres dieux qui furent déifiés de la sorte, et dont la consécration est moins une preuve de divinité qu’un dernier honneur rendu à leur autorité finie. Assurément, c’est bien contre leur gré qu’on leur donne ce titre ; ils aimeraient mieux rester hommes ; quelques vieux qu’ils soient, ils craignent de devenir dieux. Un dieu n’est pas mortel, dès-lors on ne peut faire un dieu de celui qui n’est plus, ni de ceux qui sont nés de lui, puisque tout ce qui naît doit mourir.

Un être divin n’a ni commencement ni fin. Si ces dieux sont nés autrefois, pourquoi n’en voyons-nous plus naître au-