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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/12

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viii
DE LA TRADITION.

mes de foi prêchés publiquement et tous les jours, enseignés au commun des fidèles dès l’enfance, exposés aux yeux de tous par les pratiques du culte, répétés et inculqués par les prières de la liturgie, sont confiés à la mémoire trompeuse des hommes ! Nos mœurs, nos usages, nos droits, nos devoirs les plus essentiels sont confiés au même dépôt, et il n’en est point de plus incorruptible. Dieu a-t-il donc manqué de sagesse, en négligeant de faire écrire avant Moïse les dogmes qu’il avait enseignés aux premiers hommes deux mille quatre cents ans auparavant ? Faut-il absolument savoir lire pour être capable de faire des actes de foi et d’obtenir le salut ? On a vu des personnes illétrées, des femmes, des esclaves, faire des conversions. C’est par des vertus, des miracles, et non par des livres seuls, que Dieu a converti le monde. D’ailleurs, les apôtres savaient que leurs disciples écriraient ; ils ont donc pu se reposer sur eux de ce soin aussi bien que de celui d’enseigner les fidèles. Or, ce que ces disciples ont écrit n’est plus confié à la seule mémoire des hommes, quoi qu’il ne soit pas dans l’Écriture-Sainte.

Quatrième preuve. — Si Jésus-Christ et les apôtres avaient voulu que la doctrine chrétienne fut répandue et conservée par l’Écriture seule, il n’aurait pas été besoin d’établir une succession de pasteurs et de docteurs pour en perpétuer l’enseignement, les apôtres se seraient contenté de mettre l’Écriture à la main des fidèles, et de leur en recommander la lecture assidue. Ils ont fait tout le contraire. Saint Paul dit que c’est Jésus-Christ « qui a donné des pasteurs et des docteurs, aussi bien que des apôtres et des prophètes, afin qu’ils travaillent à la perfection des saints, aux fonctions de leurs ministères, à l’édification du corps mys-