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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/11

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vii
DE LA TRADITION.

doutons pas qu’au cinquième siècle il n’y ait eu quelques livres hébreux traduits dans les différentes langues dont parle Théodoret ; mais on ne prouvera jamais qu’ils l’étaient tous, et ce père ne parle point du nouveau Testament. D’ailleurs, il y avait pour lors près de quatre cents ans que le Christianisme était prêché ; le quatrième siècle qui avait précédé avait été un temps de lumières, de travaux apostoliques, d’écrits de toute espèce faits par les Pères de l’Église ; au lieu que les trois premiers avaient été un temps de souffrance et de persécution.

Malgré ces faits, nos adversaires soutiennent gravement que Jésus-Christ et les apôtres n’auraient pas agi sagement, s’ils avaient confié les dogmes de la foi à la faible et trompeuse mémoire des hommes, à l’incertitude des événements, à la vicissitude continuelle des siècles, et s’ils n’avaient pas mis par l’Écriture ces vérités divines sous les yeux des hommes. (Mosheim, Hist. Christ., deuxième part., sect. III, ch. III, § 3.) Ces critiques téméraires ne voient pas qu’ils accusent réellement Jésus-Christ et les apôtres d’avoir manqué de sagesse. Car enfin voici les faits positifs qui ne se détruisent point par des présomptions ; savoir, que Jésus-Christ n’a rien écrit, qu’il n’a point ordonné à ses apôtres d’écrire ; que sept d’entre eux n’ont rien laissé par écrit ; que les autres n’ont fait traduire aucun livre de l’Écriture ; que la plupart des versions n’ont été faites que longtemps après eux, à mesure que les Églises sont devenues nombreuses dans les divers pays du monde. Il est singulier que des disputeurs qui exigent que nous leur prouvions tout par écrit, forgent si aisément les faits qui peuvent étayer leur système. Ils en imposent grossièrement, lorsqu’ils prétendent que les dog-