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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/130

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NOTICE SUR SAINT CLÉMENT.

Gentils, le Pédagogue, les Stromates et un traité intitulé : Quel riche peut être sauvé ?

L’Exhortation est le traité le plus complet que les Pères aient publié contre l’idolâtrie. Dans aucun écrit de saint Clément on ne rencontre plus de feu, de verve et d’originalité avec plus d’ordre. Le genre de cet écrit appartient à la polémique. L’auteur y répand à pleines mains le sel de la satyre et de l’ironie. Ce n’est plus le ton modéré de saint Justin, ni la gravité philosophique d’Athénagore ; c’est une suite de sarcasmes et d’invectives contre l’Olympe. Cette différence vient sans doute de ce que les deux Pères dont nous venons de parler s’adressaient à l’empereur Marc-Aurèle, tandis que saint Clément parlait au peuple d’Alexandrie. Dans cette Exhortation, il se propose un double but : d’abord, de détourner les Grecs de l’idolâtrie ; ensuite, de les amener au Verbe, fils de Dieu, c’est-à-dire, les retirer des idées terrestres et matérielles qui faisaient le fond du paganisme, du culte des passions honteuses que les païens adoraient dans la personne des faux dieux pour les spiritualiser et les conduire à pratiquer les vertus sévères enseignées par le Christianisme.

Dans son préambule, saint Clément fait un appel aux Grecs pour les inviter à glorifier le vrai Dieu au nom du Verbe et à le remercier de la révélation faite aux hommes. Il emploie les plus brillantes couleurs pour charmer les Grecs qui accusaient sans doute le Christianisme de sécheresse. Il ne peut penser qu’ils soient insensibles à la voix de la vérité, eux qui croient que les bêtes sauvages se sont laissées attendrir par la lyre d’Orphée et d’Amphion. Qu’ils se hâtent donc d’abandonner le fabuleux Hélieon, le Cythéron et les fictions surannées de la mythologie, pour voir descendre la vérité du haut du ciel et entendre le chœur des prophètes. Cette vérité, dont la voix est plus harmonieuse que celle des poëtes, dissipera les erreurs où ils sont plongés. Alors ils laisseront tomber le thyrse de leurs mains : ils jetteront le lierre qui ceint leurs fronts et ils iront habiter la montagne de Sion, d’où est partie la loi que Dieu a donnée aux hommes. Lui aussi, il était, comme eux, livré à l’erreur. Il était, comme dit l’apôtre, incrédule, errant, en proie à ses passions, lorsque la bonté de notre Seigneur