térieur de leurs maisons des tableaux qui représentent ces impuretés, ils les portent sur leurs anneaux ! Pensent-ils honorer la Divinité en s’excitant au crime ? Mais ces dieux ne sont pas seulement impudiques, ils sont cruels et atroces. Le sang humain ruisselle sur leurs autels. L’homme leur immole son semblable dans des sacrifices abominables. Les Grecs ne voient-ils pas clairement que ces monstres, qu’ils croient des dieux, sont au contraire leurs plus mortels ennemis, pour se réjouir ainsi des massacres et se désaltérer de sang humain ? Une autre erreur des païens, c’est d’adorer la matière. Les Scythes adorent un sabre ; les Arabes, une pierre ; les Perses, un fleuve. La sculpture et la peinture ont augmenté cette maladie déplorable de l’esprit humain. À mesure que l’art a fait des progrès, l’erreur a pris de nouveaux accroissements. D’abord, l’image de Junon à Samos n’était qu’un simple morceau de bois. Bientôt, Euclide érigea une statue à cette fausse divinité. Plus tard, l’or et l’ivoire, sous la main de Phidias, prirent la forme de Jupiter à Olympie et celle de Minerve à Athènes. Le marbre de Paros est beau sans doute ; mais il n’est pas Neptune. L’ivoire est beau ; mais il n’est pas Jupiter. La terre a été donnée aux enfants des hommes pour qu’ils la foulent aux pieds ; mais non pour qu’ils l’adorent. Tels sont les arguments à l’aide desquels saint Clément bat en brèche le paganisme. Enfin, dans une éloquente invective contre les dieux adorés à Alexandrie, il prédit la ruine prochaine du temple et de la statue de Sérapis, la plus fameuse divinité des Égyptiens.
Aujourd’hui que les dernières traces du polythéisme ont entièrement disparu, et que l’histoire des dieux grecs et romains est reléguée dans l’instruction classique pour l’intelligence des poëtes et des écrivains de l’antiquité, il nous semble qu’il ne fallait pas de bien grands efforts de talent et de courage pour détruire des superstitions aussi ridicules que honteuses. Mais, pour juger de l’importance de la lutte que les premiers Pères ont eue à soutenir, il faut se reporter au temps où ils parlaient. Lorsque le Christianisme parut, l’idolâtrie était répandue par toute la terre. L’aveuglement était si général, que les Juifs eux-mêmes, déposi-