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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/134

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NOTICE SUR SAINT CLÉMENT.

taires des promesses divines, étaient toujours portés à imiter les autres peuples à cet égard. « Faites-nous des dieux semblables aux dieux des autres nations, disaient-ils à leurs chefs ; qu’ils marchent à notre tête. » Et pourtant les Juifs, par leurs lois, leurs institutions, leurs coutumes, étaient un peuple tout-à-fait séparé des autres. Il fallait donc que ce penchant à l’idolâtrie fût bien irrésistible, pour étouffer des sentiments que l’éducation leur avait si fort inculqués. Chez les nations, les philosophes essayaient quelquefois d’attaquer l’idolâtrie, mais avec une extrême réserve ; car la prison, le bannissement et la mort même, étaient souvent la récompense de leur amour pour la vérité. Aussi Platon évite d’exprimer son opinion sur les dieux ; il se contente de dire que sur toutes ces choses il faut s’en rapporter aux anciens, lors même que leurs idées seraient dénuées de vraisemblance. Les poëtes tragiques et comiques avaient également besoin de faire une grande attention aux paroles qu’ils mettaient dans la bouche de leurs personnages ; car une sédition aurait pu éclater au milieu de la représentation, et, malgré l’amour du peuple pour les spectacles, l’acteur et peut-être l’auteur auraient payé de leur vie une licence poétique. Le Christianisme seul osa combattre de front l’idolâtrie, et il ne triompha de son adversaire qu’après une lutte de trois siècles.

Mais reprenons la suite de l’exhortation adressée aux Grecs par saint Clément d’Alexandrie. Après avoir renversé les arguments des païens, il lui reste à prouver que la philosophie est incapable de conduire l’homme à la découverte de la vérité. Il n’est pas hors de notre sujet de faire connaître ici les nouveaux adversaires que le Christianisme avait à combattre dans la personne des philosophes. À cette époque, ce n’étaient plus ni Platon, ni Aristote, ni Zénon, qui tenaient le sceptre de la philosophie à Alexandrie. Vers la fin du premier siècle, en même temps que le Christianisme commençait à étendre rapidement ses conquêtes, il se formait dans cette ville une nouvelle secte de philosophes, connue sous le nom d’Éclectique. Cette secte n’affichait point la prétention d’inventer quelque chose de nouveau en philosophie : son but, au contraire, était de former une seule opi-