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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/181

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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

mensonge, ce qui passe pour vrai appartient à des hommes dégradés qui vécurent dans le crime.

« Néants superbes, en quittant le chemin de la vérité vous n’avez plus de route certaine, vous fuyez à travers des ronces et des épines. Pourquoi donc errer à l’aventure ? renoncez à toute étude vaine, laissez la nuit, saisissez la lumière. »

Voilà ce que vous dit la Sibylle poëte et prêtresse tout à la fois. Voilà ce que vous répète la vérité elle-même qui vient aujourd’hui faire tomber ces masques horribles et effrayants, sous lesquels se cachent vos dieux sans nombre, et qui réfute tant d’erreurs que des ressemblances de noms avaient introduites. Vous avez des auteurs qui parlent de trois Jupiters, l’un né de l’air, en Arcadie ; les deux autres de Saturne : l’un de ceux-ci naquit en Arcadie comme le premier, l’autre en Crète. Quelques-uns comptent jusqu’à cinq Minerves ; la première était d’Athènes et fille de Vulcain ; la deuxième, d’Égypte et fille de Nilus ; la troisième, fille de Saturne, passe pour avoir inventé l’art de la guerre ; la quatrième naquit de Jupiter, les Messéniens la nomment Coryphasie, du nom de sa mère ; la dernière reçut le jour de Pallas et de Titanis, fille de l’Océan : celle-ci, monstre d’impiété, égorgea son père et se fit de sa peau, comme d’une toison, une horrible parure. Aristote reconnaît un premier Apollon, fils de Vulcain et de Minerve, ainsi Minerve n’est plus vierge ; un deuxième, né en Crète et fils de Corybas ; un troisième, fils de Jupiter ; un quatrième, Arcadien et fils de Silène, les Arcadiens l’appellent Nomius ; il parle après ceux-ci d’un Apollon libyen, fils d’Ammon. Le grammairien Didyme en ajoute un sixième, fils de Magnès ; et combien d’autres Apollons ne compterons-nous pas aujourd’hui ! Elle est innombrable la multitude de ces mortels bienfaiteurs de leurs semblables et appelés du même nom que ceux qui précèdent. Faut-il énumérer tous les Esculapes, tous les Mercures, tous les Vulcains dont parlent vos fables ? Ce serait me rendre fastidieux et fatiguer vainement vos oreilles d’une foule de noms. Suivez de près vos dieux : patrie, profession,