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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

nomme l’étouffée. Une autre Diane est honorée à Methymne sous le nom de Condylite. » Sosibius nous apprend qu’un temple est élevé, dans la Laconie, à Diane la goutteuse. Polémon parle d’un Apollon béant, d’un Apollon buveur, dont la statue se voit en Élide. Les Éléens sacrifient aussi à un Jupiter chasse-mouche. Les Romains donnaient ce surnom à Hercule, et lui sacrifiaient, ainsi qu’à la Peur et à la Fièvre, qu’ils mettaient au nombre de ses compagnons. Je ne parle pas des Argiens, adorateurs, comme les habitants de la Laconie, d’une Vénus qui pille les tombeaux ; ni des Spartiates, qui se prosternent devant une Diane appelée la tousseuse. D’où pensez-vous que nous tirons ces faits ? nous les empruntons aux ouvrages que vous lisez tous les jours. Refuserez-vous de reconnaître vos écrivains parce qu’ils s’élèvent ici comme des témoins qui déposent contre votre incrédulité ? Infortunés qui livrez à ces futilités impies votre vie tout entière, dès lors elle n’est plus la vie ! N’a-t-on pas adoré dans Argos un Jupiter chauve, et dans Chypre un Jupiter vengeur ? Les Argiens ne sacrifient-ils pas à Vénus la rôdeuse ; les Athéniens, à Vénus la courtisane ; les Syracusains, à Vénus Callipyge ? Le poëte Nicandre se sert d’un mot qu’on ne peut répéter. Je passe sous silence un Bacchus choiropsale : Sicyone l’adore comme le président des parties secrètes de la femme, comme l’inspecteur des turpitudes, comme le protecteur de toutes les saletés de la débauche. Voilà, d’un côté, vos dieux ; voilà, de l’autre, les hommes qui se jouent de la Divinité, ou plutôt qui s’abusent eux-mêmes et se couvrent d’infamies.

J’aime mieux l’Égypte avec ses grossiers animaux qu’elle adore dans les villes et dans les campagnes, que la Grèce avec les dieux que je viens de vous montrer. Ceux de l’Égypte ne sont que des bêtes brutes, et non des adultères, des monstres d’impureté. Aucun des dieux égyptiens ne connaît ces honteuses voluptés qui font rougir la nature. Je n’ajoute plus rien à ce que j’ai dit des dieux de la Grèce ; vous les connaissez suffisamment. Je parle maintenant des dieux de l’Égypte. On compte dans cette contrée une multitude de cultes et de reli-