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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

gions. Sienne adore le poisson Pagra ; Éléphantine, le poisson Méote ; Oxyrine, le poisson dont elle a pris le nom ; Héracléopolis, l’ichneumon ; Saïs, un mouton ; Lycopolis, un loup ; Cynopolis, un chien ; Memphis, le bœuf Apis ; Mendès, un bouc. Vous autres Grecs, bien supérieurs aux Égyptiens (pour moi, je n’ose pourtant pas dire que je vous mets fort au-dessous d’eux), vous qui les plaisantez tous les jours, qu’êtes-vous donc ? ne rendez-vous aucun culte aux animaux ? Mais la Thessalie adore les cigognes ; c’est un culte reçu des ancêtres. Mais les Thébains adorent les belettes ; ils croient qu’une belette aida Hercule à venir au monde. Que dirai-je ? est-ce que les Thessaliens n’adorent pas aussi les fourmis ? La fable leur a fait croire que Jupiter avait pris la forme de cet insecte pour s’approcher d’Euryméduse, cette fille de Clitor dont il eut Myrmidon. Polémon raconte que les habitants de la Troade révèrent les souris de leurs contrées appelées smynthes ; et la raison de ce culte, c’est que les souris rongèrent les cordes des arcs de leurs ennemis : de là le surnom de Smynthe donné à l’Apollon troyen. Héraclide, dans son livre sur la construction du temple de l’Arcananie, où se trouve le promontoire d’Actium et le temple d’Apollon Actius, rapporte qu’on immolait un bœuf aux mouches, et que ce sacrifice précédait tous les autres. Je ne tairai pas les Samiens, qui, selon Euphorion, adorent une brebis ; ni les habitants de la Phœnosyrie, dont les uns adorent des colombes et les autres des poissons. Ces derniers déploient dans leur culte autant de pompe que les Éléens dans celui de Jupiter.

Je vous ai assez fait voir que ce ne sont point des dieux que vous adorez. Mais il importe d’examiner si ce ne seraient pas des démons que vous regardez comme dieux secondaires. Si les démons sont des esprits impurs, d’insatiables gloutons, dans chaque ville vous avez de ces démons indigènes qui se font rendre des honneurs divins : ainsi Édemus chez les Cythiens, Callistagoras à Ténos, Anius en Élide, Strablacus en Laconie. À Phalères, on adore un héros représenté sur la poupe d’un navire. À l’époque où l’on se battait avec tant d’acharnement