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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/293

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humide et où les herbes qui les nourrissent, tout imprégnées de rosée, ont plus de suc, se remplissent d’abord de sang, comme on peut le voir à la grosseur des veines de leurs mamelles entièrement tendues. Cette abondance de sang produit aussi une grande abondance de lait. Au contraire, en été, leur sang, brûlé et desséché par la chaleur, fournit peu de lait : aussi les traites sont elles moins abondantes qu’au printemps. Il y a de grands rapports entre le lait et l’eau, comme entre la nourriture spirituelle et le baptême spirituel. Les personnes qui mêlent un peu d’eau froide dans leur lait en éprouvent de suite d’heureux résultats. L’affinité qui existe entre l’eau et le lait ne permet pas à ce dernier de s’aigrir, à cause de l’espèce de sympathie que ces deux liqueurs ont entr’elles. Il y a entre le lait et l’eau le même rapport à peu près qu’entre le Verbe et le baptême. Le lait qui est celui de tous les liquides qui supporte le mieux le mélange de l’eau, purifie le corps de l’homme, comme le baptême purifie l’âme par la remise des péchés. On mêle encore le lait et le miel, et ce mélange est une nourriture agréable pour le corps et le purge en même temps. Le Verbe, la parole tempérée par l’amour des hommes, nous guérit tout-à-la fois de nos passions et nous purge de nos vices. Ces paroles : « Ses discours couleront plus doux que le miel, » me paraissent pouvoir être appliquées au Verbe, qui est le miel. Les prophètes, en mille passages, élèvent la douceur du Verbe au-dessus de celle d’un rayon de miel. On mêle enfin le lait avec le vin doux. Ce mélange est fort salutaire pour le corps : il me présente l’image des passions corrigées par une union avec la pureté. Le vin attire les sérosités du lait et tous les corps étrangers qui pourraient le troubler et l’altérer. Telle est aussi l’union spirituelle de la foi avec l’homme qui est sujet aux passions. Elle étouffe la malignité de ses concupiscences charnelles, le conduit à l’éternité et lui fait partager l’immortalité de Dieu. Il en est qui se servent de la partie grasse du lait qu’on appelle beurre pour nourrir le feu de leur lampe. C’est encore une allégorie représentant la miséricorde infinie du Verbe lumineux qui seul nourrit, fait accroître, et éclaire les enfants. C’est